J’ai répondu : Ce n’est pas la fin de la guerre qu’ils redoutent, mais ce qui s’ensuivra, c’est-à-dire le prix à payer pour stopper la ruée de Netanyahu vers l’annexion de Gaza. Netanyahu a clairement affirmé qu’il ne voulait pas se retirer de Gaza, qualifiant même le retrait de 2005 d’erreur stratégique. Le prix de l’arrêt de la guerre sera probablement que Trump accorde à Netanyahu la victoire qu’il souhaite, comme il l’a fait durant son premier mandat en offrant à Israël la Jérusalem arabe. Sous sa présidence, les Etats-Unis ont été le seul pays à reconnaître la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie occupée.
En plus, Trump a récemment déclaré qu’Israël était un pays trop petit et qu’il avait besoin de s’étendre. La victoire que Netanyahu attend de cette guerre n’a rien à voir avec l’élimination du Hamas ou la libération des otages israéliens, dont personne ne sait avec certitude s’ils sont encore en vie. L’objectif réel de cette guerre est l’expansion d’Israël. Il ne s’agit pas seulement de construire davantage de colonies, mais également de concrétiser des projets stratégiques comme le canal de Ben Gourion au coeur de Gaza, qui relierait la mer Rouge à la Méditerranée en concurrence directe avec le Canal de Suez. En outre, Israël convoite les riches ressources en gaz naturel situées dans les eaux territoriales de Gaza. Du côté palestinien, Trump ressuscitera sans doute le projet de son gendre Jared Kushner : un Etat palestinien démilitarisé, faible, intégré dans une confédération avec la Jordanie. Ce projet prévoit de déporter ce qui restera des habitants de Gaza vers cette confédération, en remplacement du Sinaï, après le refus catégorique de l’Egypte. Un tel Etat serait obligé de coopérer avec Israël pour assurer sa survie. Cette solution se ferait évidemment au détriment de la Jordanie, que Trump considère comme une construction artificielle héritée de la colonisation britannique. Trump estime que ces frontières historiques sont obsolètes et que la Jordanie, où plus de la moitié de la population est d’origine palestinienne, n’a plus sa place dans l’équilibre actuel. Face à ma réponse, la journaliste a ouvert la bouche, stupéfaite : « Mais c’est un scénario incroyable ! ». J’ai rétorqué : « Le retour de Trump à la Maison Blanche n’est-il pas, lui aussi, incroyable ? ».
Lien court: