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Les théories israéliennes de sécurité et de répression

Mercredi, 21 août 2024

Selon de nombreuses analyses, l’opération commise par les factions palestiniennes contre Israël le 7 octobre dernier a révélé l’érosion des deux théories de la sécurité et de la répression israéliennes. Il est clair que l’un des objectifs essentiels de l’agression israélienne contre Gaza est de tenter d’y remédier.

Pour atteindre cet objectif, Israël a oeuvré sur plusieurs axes. Le premier est l’intention de détruire totalement la bande de Gaza, sans faire la moindre distinction entre civils et combattants, infrastructure civile ou de guerre. Israël envoie ainsi un double message, le premier est que le coût de l’attaque contre Israël sera exorbitant, et le deuxième est que les Palestiniens doivent assumer le prix de leur soutien au Hamas. Israël espère ainsi que les Palestiniens en tireront la leçon et rejetteront les factions ou les empêcheront de recommencer.

Le deuxième axe est la volonté d’éliminer la supposition selon laquelle l’économie israélienne ne serait pas capable de s’engager dans une longue guerre pour des raisons relatives à la nature du système du service militaire qui dépend des réservistes. D’autant plus que l’attaque contre la bande de Gaza dure depuis 11 mois, c’est donc la plus longue guerre dans laquelle Israël s’est engagé.

Pour ce qui est du troisième axe, il s’agit de réfuter l’hypothèse selon laquelle Israël n’est pas capable de s’engager dans plusieurs fronts en même temps. C’est ce qu’a fait Israël en s’activant, dès le début de la guerre, sur plusieurs fronts : la frontière avec le Liban, l’intérieur de l’Iran, le Yémen et autres.

Cependant, même s’il semble qu’Israël vise à remédier à la déficience de ses théories de sécurité et de répression, cette méthodologie implique de nombreux points de faiblesse contrairement aux objectifs israéliens.

Le premier est que tout ce qui semble être des succès israéliens est lié au soutien occidental, notamment américain. Israël n’a jamais obtenu de tel soutien ni dans toutes ses précédentes opérations contre les territoires palestiniens, ni dans aucune de ses guerres précédentes. Certes, cela s’inscrit dans la politique régionale américaine, mais d’autres facteurs sont venus s’y ajouter, comme les calculs américains relatifs au conflit avec la Chine et la Russie et à la volonté des Américains de rester la seule superpuissance. Il s’agit d’envoyer un message aux rivaux des Etats-Unis pour leur dire qu’ils restent la force internationale dominant la région et le monde. En même temps, il est également question de la concurrence électorale entre démocrates et républicains.

Par ailleurs, les comportements israéliens dans la région sont liés à des calculs relatifs à Netanyahu lui-même. Celui-ci a entamé son sixième gouvernement à la fin de décembre 2022 par une crise intérieure aiguë qui a évolué en crise sécuritaire majeure suite aux événements du 7 octobre 2023. Depuis, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer le fait de demander des comptes à Netanyahu une fois qu’il quittera le pouvoir ou juste après la fin de l’agression contre la bande de Gaza. Netanyahu tente d’éviter ce scénario à travers deux axes : prolonger le plus possible la guerre et se présenter comme étant l’unique choix possible capable de traiter avec tout ce qui est considéré comme une menace contre la sécurité d’Israël. Netanyahu tente de ramener la région à l’état de polarisation qui s’était atténué ces deux dernières années et qui constitue un climat favorable au prolongement de la crise.


(Photo : AFP)

Cela dit, Israël est appelé à répondre à plusieurs interrogations importantes sur ses théories de sécurité et de répression. Sa politique a-t-elle permis de mettre fin à toutes les formes de menace contre la sécurité ? La présence militaire américaine a-t-elle réussi à mettre fin à ce qu’Israël considère être des sources de menace de sa sécurité nationale ? La destruction de la bande de Gaza a-t-elle mené à une baisse de l’influence des factions palestiniennes telles que le Hamas ? Quelle influence sur les tendances des nouvelles générations en Palestine et dans le monde arabe ? A quel point ces comportements vont-ils influencer les tendances des jeunes générations dans les sociétés occidentales, y compris aux Etats-Unis ? Ces comportements ont-ils réinstauré la confiance du citoyen israélien envers ses institutions politiques et sécuritaires ?

Il n’est pas prévu qu’Israël ait des réponses objectives et réalistes à ces interrogations à cause de la nature des élites politiques au pouvoir en Israël, ainsi que de la nature du régime politique israélien qui prétend être l’unique régime démocratique dans la région.

En réalité, Israël a présenté un exemple de démocratie formelle fragile qui a mené à l’hégémonie de la droite religieuse extrémiste au détriment de la stabilité politique et gouvernementale intérieure et de la sécurité nationale, en plus de l’engendrement de politiques extérieures causant l’instabilité de la région.

Israël peut ainsi se trouver face à une vague d’érosion des théories américaines de sécurité et de répression auxquelles il tente de remédier depuis le 7 octobre au détriment de la sécurité nationale.

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