L’egypte a pris un pas décisif sur la voie de l’avenir. Elle est passée de l’état de rébellion et de démolition du passé à de larges horizons de reconstruction, objectif ultime de la glorieuse révolution de 2011.
Les foules qui sont descendues dans les rues le 25 janvier 2011 et les jours qui ont suivi avant le renversement de Moubarak, puis le 30 juin 2013 pour destituer à jamais le régime des Frères, sont les mêmes qui cherchaient la reconstruction. Elles ont ensuite voté pour approuver la Constitution, pierre angulaire de la nouvelle voie consistant à mettre en place un régime qui repose sur les revendications de la révolution : liberté, démocratie, justice sociale et dignité humaine. Il est étrange que certains groupes de protestation, qui ont remporté une énorme popularité au moment de 2011 et 2013, n’aient pas pu assimiler la nouvelle époque et soient restés emprisonnés dans les anciens moyens de protestation. Ces groupes se sont déconnectés des foules et ont adopté une attitude régressive vis-à-vis de l’avenir.
Les masses populaires ont dépassé l’importance des élites lorsqu’elles sont allées sur la place Tahrir, épicentre de la révolution. Elles ont fait évoluer les toutes premières revendications réformistes en choisissant comme slogan : « Le peuple veut renverser le régime ! ». Les masses sont à nouveau allées au-delà des élites, lorsqu’elles ont façonné le mouvement Tamarrod (rébellion) qui a incarné le refus populaire du régime des Frères, entraînant finalement sa chute. Ce sont ces mêmes foules qui ont devancé les groupes de protestation qui ne s’accommodent pas de l’après-30 juin 2013. Ils n’ont pas alors pris part aux premiers pas sur la voie de la construction et ont intentionnellement fait escalader une négativité de l’exercice démocratique afin de justifier leur refus de toutes opérations de reconstruction. Or, l’avancée des armées dans la guerre ne se fait jamais facilement. Cette voie est généralement semée d’embûches et d’erreurs commises. Instrumentaliser ces erreurs pour refuser le progrès en tant que tel reflète une naïveté inacceptable, qualifiée en temps de guerre de « trahison ». L’Egypte se reconstruit à travers la mise en place d’un régime civil basé sur la nouvelle Constitution. La légitimité de cette dernière sera achevée par des élections démocratiques, présidentielle puis parlementaires. En marginalisant cette avancée historique, les mouvements politiques, qui n’excellent que dans la protestation, pourraient être voués à tomber aux oubliettes tels les deux anciens régimes ayant récemment gouverné l’Egypte. Ces mouvements ont fait preuve de leur inutilité à l’heure où nous nous épaulons tous pour construire l’avenir rayonnant pour lequel la révolution s’est initialement déclenchée.
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