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Les ambitions chinoises au Proche-Orient

Mercredi, 31 juillet 2024

Sous les auspices du gouvernement chinois, 14 factions palestiniennes — dont le Hamas qui contrôle la bande de Gaza et le Fatah qui gouverne une partie de la Cisjordanie occupée par Israël — ont convenu le 23 juillet de former un front unifié au sein de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) en vue d’établir un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem comme capitale, conformément aux résolutions des Nations-Unies.

L’accord conclu à Pékin comprend plusieurs points critiques. Premièrement, il appelle à la formation d’un gouvernement temporaire d’unité nationale qui supervisera l’unification des institutions palestiniennes et la reconstruction de la bande de Gaza. Deuxièmement, les signataires s’engagent à organiser des élections générales.

La question-clé réside cependant dans la mise en oeuvre de l’accord. Celui-ci s’avérerait difficile d’application, avec des complications, notamment l’opposition d’Israël et des Etats-Unis à ce que le Hamas joue un rôle dans la gouvernance palestinienne dans l’après-guerre à Gaza et la profonde inimitié entre le Fatah et le mouvement islamiste. En effet, l’initiative chinoise est intervenue à un moment de tensions maximales entre les deux factions. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a récemment accusé le Hamas de prolonger la guerre à Gaza. Les dirigeants du Hamas ont, à leur tour, accusé Abbas de se ranger du côté d’Israël. L’antagonisme Fatah-Hamas remonte à juin 2007, lorsque le mouvement islamiste a repris la bande de Gaza après avoir évincé le gouvernement affilié au Fatah lors de violents affrontements entre les ailes militaires des deux parties. Cette prise de contrôle a divisé les territoires palestiniens en deux entités : Gaza sous la houlette du Hamas et la Cisjordanie sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, dont l’ossature est le mouvement Fatah. Depuis lors, toutes les tentatives de médiation des acteurs régionaux, principalement l’Egypte, n’ont pas réussi à mettre fin à la division palestinienne. Ainsi, l’accord de Pékin pourrait n’être que le dernier d’une longue série d’accords de réconciliation similaires négociés puis rompus entre les deux principales factions, y compris celui de 2022, signé par 14 factions palestiniennes en Algérie.

L’engagement grandissant de Pékin

Nonobstant les obstacles qui se dressent sur la voie d’application de l’accord inter-palestinien, celui-ci souligne l’influence et l’engagement croissants de la Chine au Moyen-Orient depuis qu’elle a négocié avec succès l’accord de mars 2023 entre l’Arabie saoudite et l’Iran — deux ennemis jurés régionaux — sur la reprise de leurs relations diplomatiques après sept ans de rupture. Depuis le début de la guerre de Gaza en octobre, la Chine a déployé des efforts diplomatiques pour parvenir à une réconciliation palestinienne. A cette fin, elle a accueilli en avril des représentants du Hamas et du Fatah pour une première série de pourparlers au cours de laquelle les deux factions se sont entendues sur un document en huit points servant de base à des négociations ultérieures. Mais ce premier cycle a été suivi d’une rupture qui a reporté une deuxième série de pourparlers en juin. Après la conclusion de l’accord de juillet, la Chine prévoit d’organiser des réunions de suivi à Pékin avec les Palestiniens. Des diplomates chinois se rendront également à Doha, la capitale du Qatar, où sont basés des dirigeants du Hamas, et à Ramallah, le siège de l’Autorité palestinienne, pour créer une dynamique et examiner les moyens d’application de l’accord.

En négociant l’accord de réconciliation palestinienne, et en dépit des difficultés de sa mise en oeuvre, la Chine visait des objectifs plus stratégiques et à long terme. Sa motivation première est de démontrer sa capacité à jouer le rôle de médiateur en tant que grande puissance mondiale. La Chine veut également démontrer aux Palestiniens, et aux pays arabes en général, qu’au-delà de son soutien traditionnel aux droits du peuple palestinien, il existe un contraste entre son approche consistant à rechercher l’unité des Palestiniens et celle des Etats-Unis qui sont largement perçus dans la région comme ayant implicitement soutenu les efforts israéliens pour maintenir les Palestiniens divisés. Avant le 7 octobre, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, soutenait le contrôle de la bande de Gaza par le Hamas dans le but de perpétuer la scission de la direction palestinienne. Et Washington a choisi de fermer les yeux. En s’employant à unifier les rangs palestiniens, la Chine a toutes les chances d’accroître son influence sur les factions palestiniennes et, par la suite, sur un futur règlement de la question palestinienne. Par contraste, le poids de la Chine auprès d’Israël est limité. Il a encore diminué après avoir fustigé l’Etat hébreu et pris parti pour les Palestiniens depuis le 7 octobre.

En négociant l’unité palestinienne, la Chine espère devenir le porte-drapeau des intérêts palestiniens sur la scène internationale dans tout règlement de paix. Le scénario le plus favorable de Pékin est de s’imposer dans toute négociation de paix future et d’éroder, de ce fait, la position privilégiée des Etats-Unis d’unique médiateur du conflit du Proche-Orient.

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