Il est ironique qu’un Etat comme la Russie considère juridiquement les Frères musulmans comme une organisation terroriste alors que ce n’est pas le cas en Egypte, le pays d’origine des Frères.
Au cours d’une visite que j’ai effectuée le mois dernier à Moscou, dans le cadre des tournées de la diplomatie populaire, certains citoyens russes m’ont parlé des actes terroristes commis par les Frères, actes qui ont secoué la Russie et plus particulièrement la Tchétchénie. D’ailleurs, la Haute Cour russe s’est prononcée à cet égard, considérant l’organisation des Frères musulmans comme terroriste et qui doit être traitée et sanctionnée selon ce nouveau statut.
La confrérie a tenté à maintes reprises, sous Morsi, une médiation auprès des autorités russes pour trouver un moyen de mettre un terme à cette classification. Mais la Russie n’a pas changé sa position.
Lors d’une rencontre, un haut responsable russe m’a dit que ce verdict était l’une des raisons pour lesquelles le président Vladimir Poutine avait refusait de rencontrer Morsi, malgré les demandes de ce dernier. Ce responsable, qui parle couramment l’arabe et qui a une bonne connaissance de l’Egypte, m’a dit : « Les Frères ont essayé d’exploiter le nom de l’Egypte pour changer un verdict juridique émanant de la plus haute instance juridique dans le pays. C’est cette question qui était prioritaire dans l’agenda de Morsi, au cas où il rencontrerait Poutine. Nous savons tous la différence qui existe entre l’Egypte et les Frères et nous sommes parfaitement conscients que l’accession des Frères au pouvoir ne changerait guère la nature du peuple égyptien. Nous étions attachés au verdict de la Cour et nous n’étions pas en position de le changer, tout au long de l’investiture de Morsi, qui n’allait pas durer longtemps, comme nous le savions. Car après tout c’est l’Egypte qui est éternelle ».
Sans doute, la décision du gouvernement Beblawy de considérer les Frères comme un groupe terroriste est intervenue trop tard. Nombreuses ont été les voix qui l’ont soutenu et les mesures qui seront adoptées pour contrer cette menace. Mais après tout, c’est une décision émanant du Conseil des ministres, qui, en l’occurrence, peut être annulée, théoriquement parlant, par un autre cabinet ministériel. Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas cherché à faire prononcer un verdict juridique pour être plus catégorique et tranchant à cet égard ? Si le gouvernement n’accélère pas la promulgation d’un tel verdict, la décision du gouvernement Beblawy de considérer les Frères comme organisation terroriste pourrait être annulée à tout moment .
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