A l’occasion de l’anniversaire de notre grand écrivain Naguib Mahfouz, on m’a demandé au cours d’une émission télévisée : Si Mahfouz était encore en vie que penserait-il du projet de Constitution ? J’ai alors raconté que, lors de nos dernières rencontres, je lui avais demandé : Quel est votre conseil aux jeunes ? Il m’a répondu : Nous n’avons pas de conseils à leur donner, mais nous devons leur présenter des excuses.
Mahfouz m’a expliqué qu’on n’assure ni un enseignement de qualité aux citoyens, ni des soins médicaux, ni un emploi, ni les moyens qui leur permettent de se marier. Notre société confisque à sa jeunesse le droit de rêver, disait-il. Sans le rêve, elle ne peut pas déployer d’efforts ou réaliser un progrès. De telles sociétés, disait-il, devraient demander pardon à leurs enfants.
J’ai dit que cette nouvelle Constitution pourrait être une excuse pratique qui exaucerait le voeu de notre défunt écrivain. Pour la première fois, le droit à l’enseignement gratuit est associé à la qualité. Il ne suffit donc pas que l’éducation soit gratuite, mais elle doit être de qualité. Le gouvernement doit consacrer 7 % au moins du PIB à l’éducation, dont 4 % iront à l’éducation élémentaire qui comprend pour la première fois le cycle secondaire, 2 % à l’enseignement universitaire et 1 % à la recherche scientifique. Il faut savoir que le pourcentage consacré à la recherche scientifique est 10 fois plus que les dépenses actuelles sur ce secteur. La Constitution engage l’Etat à verser 3 % du PIB aux soins médicaux et à garantir une assurance médicale à tous les citoyens sans discrimination aucune, tout en améliorant le niveau des services médicaux, répondant aux critères internationaux.
La Constitution met un terme au chômage à travers les articles qui assurent la nécessité d’un développement global, bénéfique à tous les citoyens. Elle incite les jeunes à participer à la politique, en leur consacrant 25 % des sièges au sein des conseils municipaux, sur 54 000 sièges au niveau de la République. Elle consacre un taux similaire aux femmes.
Bien que la Constitution stipule également la représentation des jeunes, de la femme, des coptes, des ouvriers, des paysans, des personnes handicapées et des Egyptiens résidant à l’étranger au sein du Parlement, il n’en demeure pas moins que les municipalités constituent la base d’un régime démocratique. Si nous ajoutons à cela les garanties de la Constitution en matière de droits et de libertés, outre les 18 nouveaux inclus, nous réaliserons qu’il s’agit là de l’excuse que Mahfouz a revendiquée avant son décès.
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