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Vice-directeur du Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques

Mercredi, 22 mai 2024

La guerre dévastatrice contre Gaza et la situation humanitaire désastreuse sans précédent que vivent à peu près 2 millions de Palestiniens provoquent deux interrogations préoccupantes.

Est-ce que la communauté internationale est totalement incapable de stopper la guerre de génocide contre Gaza ? L’Egypte continuera-t-elle à assumer la plus grande part de responsabilité pour mettre fin à la crise face à un monde qui se contente d’observer et de dénoncer ? Après 7 mois de guerre, certaines vérités doivent être observées.

Premièrement, l’Etat égyptien est le plus influencé par la guerre contre Gaza, et c’est lui qui a déployé le plus d’efforts pour régler la crise. L’Egypte a proposé la vision qui a constitué la base des négociations entre les parties concernées et a assuré environ 75 % des aides humanitaires vers Gaza. L’Egypte insiste sur le fait que les négociations intenses, aboutissent à une trêve humanitaire qui ouvrirait la voie à une solution globale, que ce soit un accord d’échange d’otages et de détenus ou un règlement mettant fin à l’opération militaire israélienne et ouvrant la voie à la reconstruction de Gaza, tout en préparant la reprise du processus de paix. Les positions des parties en négociation ont reflété l’absence d’une volonté suffisante pour sortir de la crise.

Netanyahu agit dans le cadre d’un gouvernement extrémiste qui ne pense qu’à rester le plus longtemps au pouvoir, même si la bande de Gaza est totalement détruite. Quant au destin des otages israéliens, cela ne fait pas partie de ses priorités. Les habitants de Gaza sont exposés à la punition collective la plus pénible : déplacement, destruction, mort et famine. Toutes les pressions américaines n’ont pas réussi à stopper la guerre et Netanyahu est toujours capable de faire face au président Biden, partant d’une conviction selon laquelle Washington n’ira pas loin dans les pressions sur Israël durant cette année de la présidentielle aux Etats-Unis.

L’Egypte est le premier rempart contre les tentatives de liquider la cause palestinienne à travers son refus catégorique de séparer la bande de Gaza de la Cisjordanie au lendemain de la guerre. L’Egypte insiste sur le fait que l’Autorité palestinienne légitime ait le rôle principal dans la gouvernance de Gaza avec l’approbation du Hamas et des différentes factions palestiniennes.

Il est clair que Netanyahu est devenu l’unique homme à Tel-Aviv détenant le pouvoir, il n’accorde aucune attention aux pressions intérieures et extérieures, tout en tenant à poursuivre l’opération militaire jusqu’au bout.

Les forces israéliennes ont complètement dominé le poste-frontière de Rafah du côté palestinien et sont présentes à l’intérieur de l’axe de Philadelphie, situé totalement à l’intérieur des terres palestiniennes. Il est clair que le déplacement de l’armée israélienne vers l’est de Rafah fait partie d’un plan global qu’Israël a l’intention d’exécuter à dans la ville palestinienne pour mettre fin à ce qui reste de capacités militaires du Hamas. Mais ce plan sera exécuté au moment qu’Israël jugera propice, après l’évacuation des habitants de cette région qui a effectivement commencé de façon graduelle en direction du centre de la ville.

Deux points importants doivent être cités : le premier est qu’Israël sait parfaitement que l’Egypte n’épargne aucun effort pour défendre sa sécurité nationale et que tout dépassement en direction des terres égyptiennes entraînera une réponse appropriée. Le second point est que l’Egypte continue à respecter toutes les clauses des accords de paix conclus avec Israël il y a 45 ans, partant du principe que ce respect est dans l’intérêt des deux parties. En contrepartie, Israël doit respecter tous ses engagements inclus dans les accords et éviter toute violation.

Comment et quand la guerre prendra fin ? Bien qu’il soit difficile de répondre à cette question, il semble possible de réaliser une percée relative partant des responsabilités des parties suivantes :

L’Egypte ne doit pas permettre l’échec des efforts déployés. Les négociations doivent reprendre le plus tôt possible. Il est évident que sans l’Egypte, les efforts n’aboutiront jamais, sans pour autant nier les efforts des autres parties. Il est possible de penser à de nouvelles propositions qui permettraient de dépasser la situation actuelle, comme une entente autour d’un cessez-le-feu d’une courte durée durant laquelle les négociations peuvent reprendre.

Israël doit stopper l’opération de Rafah et la guerre de génocide et donner la chance à un accord acceptable tout en renonçant à certaines positions rigoristes ; ce qui semble être l’unique moyen de récupérer les otages. Le Hamas doit prendre des décisions courageuses, afin de stopper les massacres quotidiens auxquels sont exposés plus de 2 millions de civils qui souffrent d’une catastrophe humaine. De telles décisions renforcent l’image et la position de la résistance et non pas le contraire. Les Etats-Unis doivent continuer de faire pression sur Netanyahu et ne pas renoncer à ce rôle, dans l’espoir d’aboutir à des résultats positifs.

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