Ce fut une scène grandiose : celle qui a clôturé les travaux du comité des 50, chargé de rédiger la nouvelle Constitution de l’Egypte, lorsque les membres debout ont voté, approuvant la Constitution dans son ensemble après l’avoir acceptée de manière électronique article par article. Ensuite, l’hymne national a été joué au milieu de l’émotion et des embrassades de tous les membres. Les sentiments étaient forts, les larmes sont montées aux yeux de Mona Zoulfoqar qui a déployé un effort énorme pour que cette Constitution voie le jour. Elle portait tous les jours un tas de papiers comme si elle tenait un nouveau-né qu’elle voulait protéger et voir grandir. Les mêmes larmes, je les ai perçues dans les yeux du grand poète Sayed Hegab, qui fut chargé de rédiger la plus belle partie de toute la Constitution : l’introduction, qui est sans égale dans toutes les Constitutions du monde. Cette introduction fut la première écrite par un poète éminent.
J’ai vu l’émotion s’emparer des jeunes, Mahmoud Badr, Mohamad Abdel-Aziz, Ahmad Eid et Amr Salaheddine, qui ont enfin vu leur révolution se concrétiser dans une Constitution qui incarne ses revendications de liberté, de démocratie, de justice sociale et de dignité humaine. Ces jeunes figurent parmi des millions d’autres qui ont refusé l’exploitation de la religion dans le politique. Amr Salah est venu me saluer chaleureusement, d’autant plus qu’on faisait tous les deux partie du comité des droits et des libertés, qui a été présidé avec brio par Hoda Al-Sadda. Nous avons formulé ensemble plus de 40 articles, dont 18 nouveaux n’ayant jamais figuré dans les précédentes Constitutions, affirmant les droits des Egyptiens, spoliés pendant longtemps.
Hossam Al-Massah, représentant des handicapés qui ont pour la première fois obtenu leurs droits, a pleuré silencieusement. J’ai vu la joie se dessiner sur les visages des révolutionnaires : Mohamad Ghoneim, Diaa Rachwan, président du syndicat des Journalistes, Al-Noubi Haggag Adol, Al-Sinawi Mossad Abou-Fajr, le réalisateur talentueux Khaled Youssef, et le membre le plus énergique du comité, Gaber Nassar. On pouvait lire sur la poitrine de l’artiste Mohamad Abla : « Je suis fier d’avoir participer à ce comité ».
Les mêmes sentiments, je les ai vus chez les sages du comité : Sayed Al-Badawi, Ahmad Al-Wakil, Sameh Achour, le bâtonnier des avocats, Magdi Yaacoub et Kamal Al-Helbawi. J’ai vu également dans une scène sans pareil, les représentants des Eglises égyptiennes et d’Al-Azhar s’embrasser.
Ensuite, tout le monde, âgés et jeunes, a entouré à droite et à gauche, le président du comité, Amr Moussa. Tous étaient unanimes à dire que sans le commandement sage de Amr Moussa et ses capacités hors pair de communication et d’interactions avec les membres dans leurs différences, le comité n’aurait pas abouti dans sa mission nationale. D’autant plus qu’au moment où nous avons remis le projet de la Constitution, nous étions à un stade décisif dans l’histoire du pays qui nous sépare des moments de turbulences et de perturbations qui ont sévi pendant environ 3 ans. Nous sommes aujourd’hui en plein essor constitutionnel, prêts à transférer le pays vers les horizons rayonnants que nous prônons. Félicitations à l’Egypte ! .
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