Face à cette situation, que vont faire les Arabes et les Palestiniens modérés habitués à faire face à des organisations sionistes extrémistes et politiques israéliennes coloniales, mais qui se trouvent aujourd’hui face à un régime extrémiste au pouvoir ?
Les solutions proposées par les Arabes modérés depuis les accords d’Oslo en 1993 jusqu’à l’Initiative arabe de paix en 2002, basée sur la terre contre la paix, la normalisation et la reconnaissance d’Israël en contrepartie d’un Etat palestinien indépendant en Cisjordanie, dans la bande de Gaza avec Jérusalem-Est pour capitale, font aujourd’hui l’objet d’un refus israélien catégorique. Ce refus n’est pas uniquement politique de la part d’un gouvernement extrémiste, mais représente un courant dominant le régime et la société. Il n’est donc pas étonnant que le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, qui préside le parti du sionisme religieux, encourage les 2,4 millions de Gazaouis à quitter leur terre pour se diriger vers d’autres pays. Smotrich a nié l’existence du peuple palestinien au cours de sa visite à Paris avant le 7 octobre en disant : « L’idée du peuple palestinien est artificielle, il n’existe ni un peuple palestinien, ni une histoire palestinienne, ni une langue palestinienne ».
Netanyahu et presque tous les chefs des partis civils en Israël, et non seulement les partis religieux, ont recours à des expressions qui incitent à la tuerie et à la destruction. Pour justifier la poursuite de sa guerre contre Gaza, Netanyahu a rappelé la prophétie d’Isaïe : « Nous sommes les fils de la lumière et ils sont les fils de l’obscurité, la lumière va le remporter sur l’obscurité ».
Le rabbin Manis Friedman a déclaré explicitement que l’unique méthode de mener une guerre morale est la manière juive : « détruire les lieux saints, tuer les femmes, les enfants et le bétail ». Il a souligné que ce sont les principes de la Torah qui feront des Israéliens « la lumière qui illumine les nations qui souffrent de la défaite à cause de ces pratiques (bizarres) destructives que l’homme a inventées », assurant que c’est « l’unique et le réel moyen de répression pour se débarrasser de la persistance des Palestiniens et de leur résistance continue ». Quant au ministre israélien du Patrimoine culturel, Amihai Eliyahu, il a déclaré que « l’une des options israéliennes dans la guerre contre Gaza est de faire tomber une bombe nucléaire ». Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a précédemment dit : « Nous faisons la guerre à des animaux humains et nous nous comportons conformément à cela ».
Si nous revenons à l’histoire des guerres arabes contre Israël, nous ne trouverons aucun dirigeant militaire ou civil arabe, quelle que soit sa position personnelle, qui décrit les habitants d’Israël d’« animaux humains ».
Mais parce que les dirigeants israéliens savent qu’ils sont au-dessus de la loi, ils pratiquent depuis des décennies le racisme, la haine et l’appel au génocide qui sont devenus une partie intégrante du discours du régime au pouvoir et pas uniquement des groupes extrémistes.
Par ailleurs, l’action historique entreprise par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice accusant Israël de génocide a été accueillie par un extrémisme israélien qui décrit les Palestiniens d’« animaux humains » et de partenaires de l’opération du 7 octobre, ce qui, pour eux, donne une légitimité à leur tuerie.
Les actions internationales pour mettre fin à la guerre, ainsi que la position de l’Afrique du Sud envers les crimes israéliens s’inscrivent toutes dans le cadre de la modération. Elles n’appellent pas à effacer Israël et ne nuisent pas aux juifs par un discours antisémitiste. Contrairement à ceux qui ont choisi d’affronter Israël par des attaques contre la navigation internationale, les actions internationales ont choisi une lutte civile et judiciaire que tout le monde comprendrait.
Le courant arabe modéré ne doit pas changer de position en tant que projet et message de modération et doit oeuvrer par différents moyens afin de dévoiler au monde entier les crimes israéliens. Il est évident que traiter avec des élites israéliennes qui étaient convaincues de l’importance de la paix pour Israël, comme Menahem Begin, Yitzhak Rabin et même Ariel Sharon, qui avait reconnu qu’Israël ne devait pas être un pouvoir d’occupation des Palestiniens, n’est pas la même chose que traiter avec des élites et un pouvoir qui refusent la paix et la solution de deux-Etats et estiment que le peuple palestinien n’a aucun droit. Cette situation nécessite que les modérés dans le monde arabe participent aux pressions internationales, judiciaires et populaires sur Israël, chacun à sa façon, et reconnaissent qu’Israël a changé pour le pire et que son élite au pouvoir, ainsi que l’opposition se vantent désormais de leur extrémisme et de leur haine envers les Palestiniens.
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