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L’illusion du nouveau Moyen-Orient

Mercredi, 10 janvier 2024

Quelques semaines avant le déluge d’Al-Aqsa, Benyamin Netanyahu a présenté devant l’Assemblée générale des Nations-Unies une carte de ce qu’il a appelé le nouveau Moyen-Orient.

Selon ses plans et les confirmations de parties concernées, les frontières d’Israël sur cette carte s’étendent de l’Euphrate au Nil au centre du nouveau Moyen-Orient. Mais avant de présenter sa carte, Netanyahu avait osé déclarer : « Nous allons créer le nouveau Moyen-Orient et nous allons liquider la cause palestinienne une fois pour toutes ». Lorsqu’Israël, sur ordre de Netanyahu et avec le soutien des Etats-Unis, a lancé une guerre d’extermination contre le peuple palestinien, l’objectif n’était pas de se venger de l’offensive du Hamas contre les colonies de l’enveloppe de Gaza, ni une tentative de cacher la manière dont le prestige d’Israël a pris un coup. Il s’agissait essentiellement d’une guerre pour sauver le rêve de ce nouveau Moyen-Orient.

Ce projet n’est pas né du vide. Il avait ses fondements et ses objectifs qui représentent toujours le rêve de la droite biblique israélienne qui gouverne Israël depuis qu’elle a réussi à faire adopter le projet de la loi sur l’Etat-nation par la Knesset en 2018. C’est un projet qui affirmait que toute la Palestine, du fleuve à la mer, est la terre exclusive du peuple juif. L’adoption de cette loi signifiait que la droite israélienne au pouvoir, qui accorde la priorité à la construction massive de colonies en Cisjordanie, avait commencé l’exécution de la « politique de transfert », soit le déplacement forcé du peuple palestinien de Cisjordanie en particulier. Le déluge d’Al-Aqsa est venu renouveler les plans de Netanyahu de déplacer les Palestiniens, prenant cette attaque comme prétexte pour vider la bande de Gaza de son peuple. C’est ainsi que cet objectif est devenu le principal but des attaques militaires barbares de l’armée israélienne, vu que l’annexion de Gaza à Israël représente le principal pilier du projet du nouveau Moyen-Orient de Netanyahu.

Le deuxième objectif de ce projet est d’imposer Israël en tant que superpuissance régionale hégémonique sur l’ensemble du Moyen-Orient, y compris le Sinaï et de grandes parties du Liban, de la Syrie, de l’ouest de l’Iraq et de la Jordanie.

Lorsque Netanyahu a osé brandir sa carte du haut de la tribune des Nations-Unies, comme s’il était le seul à avoir le pouvoir de décider au niveau international, il vivait un moment d’euphorie trompeuse qui lui a fait croire qu’il pouvait réaliser tous ses rêves en un seul projet inclus dans cette carte. Cette illusion a des fondements. Tout d’abord, Israël a réussi à s’infiltrer dans de nombreux pays arabes et à avancer dans le soi-disant processus de paix d’Abraham parrainé par Donald Trump, puis Joe Biden. L’autre fondement est le mégaprojet signé en marge du dernier sommet du G20, tenu à New Delhi le 9 septembre, sous le nom du « Corridor économique » qui devrait relier l’Asie à partir de l’Inde à l’Europe via des lignes maritimes et des chemins de fer israéliens, de sorte qu’Israël soit le centre de cet énorme projet. Ceci a poussé Netanyahu à croire qu’Israël est devenu le point de liaison entre l’Asie, le monde arabe et l’Europe. Sans oublier le présumé canal Ben Gourion qui devrait relier la mer Rouge à la Méditerranée à partir du port d’Eilat sur le golfe de Aqaba et jusqu’au port d’Ashkelon. D’où la nécessité de vider la bande de Gaza des Palestiniens et de l’annexer à Israël, car elle représente le prolongement naturel des ports de Haïfa et d’Ashkelon. Sans oublier les convoitises israéliennes concernant l’énorme richesse gazière dans les eaux territoriales de la bande de Gaza, estimée à environ 2 000 milliards de m3.

Le déluge d’Al-Aqsa est venu rompre le mythe de l’invincibilité d’Israël et le mensonge qu’il est la superpuissance régionale capable d’imposer son hégémonie. Puis est venu l’échec de la guerre d’extermination menée par Israël contre Gaza et son incapacité à réaliser une victoire stratégique. Et ce, grâce à l’héroïsme de la résistance et la ténacité légendaire du peuple palestinien qui a réussi à faire échouer tous les plans israéliens croyant que la guerre sanglante incitera le peuple à se retourner contre la résistance et à accepter la capitulation. Cette guerre n’a pas réussi à briser le peuple palestinien qui a remporté une véritable victoire. Une victoire qui ne fera pas seulement tomber la carte de Netanyahu aux oubliettes, mais imposera à Israël une nouvelle réalité palestinienne, arabe et internationale confirmant que la cause palestinienne ne peut être liquidée et qu’Israël est incapable de marquer une victoire.

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