Le second front est celui de l’opinion publique où se déroule un autre combat. Il est évident que la résistance palestinienne est indispensable pour exercer une pression effective directe sur Israël, mais le conflit entre les Palestiniens et Israël ne sera pas militairement réglé. C’est là qu’apparaît l’importance de l’opinion publique.
Après le Déluge d’Al-Aqsa, l’opinion publique mondiale avait penché pour Israël pendant quelques jours, octroyant ainsi la légitimité à la machine israélienne de meurtre et de destruction, mais quelques jours après, la situation a changé. Quand Israël a bombardé les habitants de Gaza avec sauvagerie, il a bombardé en même temps l’opinion publique mondiale par les images atroces de tuerie et de destruction, et l’opinion publique mondiale a changé de cap au profit du peuple palestinien.
Si ce changement n’avait pas eu lieu, la position du gouvernement américain et d’un nombre de gouvernements occidentaux n’aurait pas changé. Alors que ceux-ci avaient donné un feu vert et une couverture politique illimités à Israël, ils ont alors commencé à faire pression sur Israël pour garantir la sûreté des civils et le respect du droit international humanitaire, cherchant à parvenir à une solution politique au conflit. La résistance et l’opinion publique sont les deux plus importantes armes dans l’arsenal palestinien. Autant les Palestiniens réussissent à les employer de façon à ce que chacune renforce l’autre, autant ils s’approcheront de la réalisation de leurs objectifs nationaux. Si les Palestiniens arrêtent leur résistance, le monde les oubliera, et si cette résistance devient exagérée, ils seront qualifiés de terroristes et perdront le soutien mondial. Le défi est de parvenir à un équilibre entre la résistance et l’opinion publique, la résistance doit être pratiquée de façon à gagner plus de soutien de la part de l’opinion publique.
Le grand soutien international que la cause palestinienne a gagné doit être sauvegardé et exploité au profit de la cause elle-même et du peuple. En plus, la plus grande part de ce soutien a été remportée par la résistance qui doit le gérer avec sagesse et intelligence. Le prix de ce gain est beaucoup de sang qui a coulé.
Jusqu’à aujourd’hui, les sacrifices palestiniens n’ont abouti qu’à une courte trêve humanitaire pour l’échange des détenus et l’entrée des aides dans la bande de Gaza. Le plus important est de parvenir à une percée politique. Le président Joe Biden parle de la nécessité de parvenir à une solution finale à ce conflit et de réaliser la paix dans la région. Selon le porte-parole de la Maison Blanche, le président américain a effectivement commencé à travailler sur la réalisation de la solution de deux Etats.
L’occasion qui s’offre aujourd’hui doit être prise au sérieux. Au niveau palestinien, il faut réagir positivement avec les axes qui ont été ouverts et les exploiter pour réaliser encore plus de gains sur les scènes de la politique et de l’opinion publique. Les événements des dernières semaines ont prouvé que le Hamas est un acteur principal dans tout ce qui concerne le conflit palestino-israélien et qu’il est impossible de parvenir à une solution au conflit sans la participation directe du Hamas à toutes les étapes de négociation et d’exécution. On peut prétendre que toutes les précédentes étapes de négociation ont échoué parce que le Hamas n’y a pas participé, chose qu’il faut éviter cette fois. Le Hamas est une partie essentielle dans la résistance et dans la guerre, et qui ne pourra être négligée lors des négociations pour la paix.
En même temps, le Hamas ne pourra pas éviter les échéances relatives aux négociations portant sur une solution équitable et durable du conflit et doit se préparer à cette étape. Le Hamas a attiré l’attention du monde entier, l’instant est donc propice pour qu’il expose au monde ses visions et ses réclamations.
Les Américains déploient actuellement de grands efforts pour parvenir à une solution politique. Washington peut proposer d’ouvrir un dialogue avec le Hamas qui serait pour lui une occasion de communiquer directement avec Washington sans avoir besoin de rencontrer les Israéliens, de parler avec eux ou de les saluer. Est-ce que le Hamas peut accepter une telle proposition ou bien perdra-t-il cette occasion ? Un représentant du Hamas peut rencontrer les Américains qui l’interrogeront sur sa vision pour résoudre le conflit, quelles sont alors les conditions du Hamas pour poser les armes et passer de l’étape de la résistance à celle de la construction ? Le Hamas diffuse ses visions et positions parmi les foules arabes et islamiques, mais traiter avec la communauté internationale et l’opinion publique a besoin d’autres mécanismes.
Le Hamas doit se préparer à être partenaire dans les efforts visant à aboutir à une solution juste et durable de la cause palestinienne et se comporter de façon à garantir l’augmentation du soutien de l’opinion publique mondiale au profit des Palestiniens. Le Hamas doit exploiter les gains réalisés et s’installer à la table des négociations au lieu de les observer de loin et de se contenter du droit à l’opposition, ce qui avait abouti à des occasions manquées.
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