Le premier ministre, Benyamin Netanyahu, s’est engagé à atteindre deux objectifs lorsqu’il a lancé une invasion terrestre dans la bande de Gaza : détruire le groupe militant qui dirige l’enclave palestinienne depuis juin 2007 et libérer les 240 otages capturés par ses combattants lors de leur attaque contre le sud d’Israël le 7 octobre. Par son approbation de l’accord de libération partielle d’otages, Netanyahu a été obligé d’accepter une partie des demandes du Hamas qu’il rejetait auparavant, à savoir la libération de 150 prisonniers palestiniens, ainsi qu’une trêve de quatre jours.
Mais après six semaines de combats au cours desquels il a occupé le nord de la bande de Gaza et y a provoqué des destructions sans précédent, Israël n’est pas parvenu à anéantir les combattants du Hamas, y compris sa direction, malgré les pertes humaines considérables et les dégâts matériels importants infligés aux infrastructures du groupe. Israël a commencé sa riposte à l’assaut du Hamas par un bombardement intensif de Gaza pendant trois semaines, avant d’envoyer des troupes dans le nord de l’enclave le 27 octobre. Dans les semaines qui ont suivi, l’armée israélienne a progressivement étendu son contrôle sur le nord de l’enclave et encerclé le centre des activités politiques et militaires du Hamas dans la ville de Gaza. Selon l’armée israélienne, 10 des 24 bataillons du Hamas, qui comptaient chacun environ 1 000 combattants, sont maintenant hors de combat. En incluant les quelque 1 000 militants tués en Israël après que le Hamas a lancé l’attaque du 7 octobre, les responsables israéliens estiment que 5 000 des quelque 25 000 combattants du Hamas ont été tués. L’invasion a également eu un impact important sur la capacité du Hamas à tirer des roquettes sur Israël. Au début de la guerre, le groupe lançait régulièrement d’importantes salves contre des villes telles que Tel-Aviv et Ashkelon et les zones frontalières de Gaza. Mais après que l’armée israélienne a envahi les principales positions de lancement dans le nord de l’enclave, autour de la ville de Gaza, les tirs sont devenus plus sporadiques et moins précis.
Les responsables israéliens insistent sur le fait que pour atteindre l’objectif de vaincre le Hamas, Israël doit envahir le sud de la bande de Gaza. L’armée a déjà commencé à se préparer à une telle offensive et les responsables israéliens ont commencé à avertir les quelque 243 000 habitants de la ville de Khan Younès de fuir vers ce qu’ils ont décrit de « zone de sécurité » à Al-Mawasi, une petite ville bédouine de 14 km2 dans le sud-ouest de la bande de Gaza. Les organisations humanitaires ont rejeté l’idée d’entasser des centaines de milliers de personnes, dont beaucoup ont déjà été déplacées du nord de l’enclave, dans un espace aussi minuscule qu’impraticable.
Malgré les risques humanitaires liés à une invasion du sud de Gaza, les responsables israéliens insistent sur le fait de le prendre d’assaut afin de détruire le réseau de tunnels du Hamas, qui fonctionne comme un refuge pour ses combattants, ainsi qu’un dépôt pour les armes. L’armée israélienne a annoncé avoir détruit les puits de quelque 400 tunnels, mais elle estime qu’il s’agit d’une partie limitée d’un système qui aurait une longueur de plus de 500 km et souligne qu’elle aura besoin de près d’un an pour nettoyer toute la bande de Gaza, explorer toutes les infrastructures souterraines et trouver toutes les roquettes et tous les missiles du Hamas.
Même si Israël réussit dans ces tâches, les analystes considèrent que l’absence d’un plan clair sur la façon dont la bande de Gaza serait gérée si le Hamas était évincé signifie que l’armée israélienne pourrait finir par réoccuper le territoire palestinien pendant longtemps, après s’en être retirée en 2005. Autrement dit, l’invasion de Gaza pourrait éventuellement déloger le Hamas mais elle déclenchera de nouvelles inconnues sur le vide politique qui doit être rempli dans l’enclave et sur l’impact des dévastations et des atrocités commises sur la sécurité des Israéliens. L’assaut d’Israël a tué jusqu’ici plus de 14 500 personnes, dont plus de 5 300 enfants, selon un bilan provisoire publié par les autorités sanitaires palestiniennes, tandis que 1,7 million de personnes ont été déplacées. Une grande partie du nord de l’enclave a été rendue inhabitable, avec au moins 50 000 bâtiments endommagés. Le système médical de la bande de Gaza s’est effondré, alors que les restrictions imposées par Israël à l’approvisionnement en carburant, en nourriture et en eau ont incité les organisations d’aide à qualifier la situation dans l’enclave de catastrophe humanitaire. La plus grande question qui se posera après la réoccupation de Gaza par Israël est de savoir s’il est possible de détruire un groupe profondément ancré dans le tissu social du territoire depuis 16 ans et qui représente avant tout une idéologie de la résistance autant qu’une entité politique et militaire.
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