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La libération des villes

Lundi, 28 octobre 2013

Quand la loi est absente tout comme, en dehors des périodes révolutionnaires exceptionnelles, la force nécessaire à son appli­cation, non seulement l’Etat perd son prestige, mais aussi il se place dans une situation critique. Et c’est ainsi que l’infraction à la loi devient une habitude, voire un principe.

Après le succès de la révolution de janvier 2011 à renverser le régime dictatorial, l’Egypte aurait dû être apte à réaliser un transfert législa­tif, juridique, politique et économique. Malheureusement, le pouvoir n’a pas réussi à saisir la pureté de l’instant révolutionnaire et la volonté populaire de réaliser un changement radical pour se débarrasser de l’époque Moubarak. Le régime de la dictature a été repro­duit sous une forme encore plus négative avec la participation de la droite extrémiste, représentée par les Frères musulmans et les salafistes.

Et avec l’absence de sécurité et d’autorité de la loi, un désordre s’est installé, comme Moubarak l’avait promis. En plus, la mauvaise performance économique et l’absence de vision claire pour la gestion de l’économie, les pro­blèmes relatifs au chômage et à la pauvreté ont explosé.

Cette situation, qui règne depuis la révolution de janvier 2011, a encouragé des commerçants sans scrupules à exploiter les crises du chô­mage et de la pauvreté pour mobiliser une armée de chômeurs et de démunis. Leur mis­sion est d’occuper, sous prétexte qu’ils sont des vendeurs ambulants, les rues et les places des grandes villes égyptiennes, surtout au Caire et à Alexandrie. Leur rôle est d’encombrer les rues, de bloquer la circulation et d’ennuyer les citoyens, en particulier les femmes qui sont exposées à toutes les formes de harcèlement physique et verbal. Ce phénomène a commencé doucement, pour devenir aujourd’hui un fléau, alors qu’aucune éthique ou conscience n’em­pêche ces baltaguis de semer la terreur chez les citoyens.

C’est ainsi que cette nouvelle armée occupe maintenant les rues égyptiennes sans aucune intervention de la part des forces de sécurité qui, depuis la révolution de janvier, ont à plu­sieurs reprises réclamé des hausses de salaires, dans un contexte de manque de confiance de la part du peuple, avant la seconde vague révolu­tionnaire de 2013, qui a été témoin de la récon­ciliation historique entre le peuple et la police.

Cette réconciliation a eu lieu quand les forces de police ont pris la décision de protéger les énormes manifestations face aux menaces extrémistes des Frères musulmans et de leurs alliés. La police a alors affronté les violences et le terrorisme, et a fait preuve de grands sacri­fices. Toutefois, les forces de sécurité sont appelées à accomplir la réconciliation avec le peuple, en incitant à l’application de la loi et à la protection de la sécurité et des biens publics et privés, surtout ceux visés par les terroristes comme les églises et les biens possédés par les chrétiens.

Aujourd’hui, le peuple aspire à ce que la police évacue les rues et les places du Caire et des grandes villes, de même que les hors-la-loi des Frères musulmans qui se concentrent et se manifestent dans certaines régions, où les citoyens sont exposés à des attaques physiques et verbales surtout s’ils sont différents des Frères musulmans. Les comportements de ceux-ci ne peuvent être décrits que comme de la traîtrise envers le pays, alors qu’ils ont l’au­dace de fêter dans les rues la défaite de l’Egypte lors d’un match de football.

La police, soutenue par l’armée, est égale­ment appelée à mettre fin aux menaces dont sont victimes les citoyens dans les transports publics à tel point que le trafic ferroviaire a été interrompu pendant près de 3 mois. Ce qui a rendu très difficile la vie de la population. La police est donc appelée à assumer son rôle en respectant et en appliquant la loi, tout en res­pectant les droits et les libertés des citoyens, sans pour autant redevenir un outil de répres­sion employé par le pouvoir contre les citoyens et l’opposition pacifique.

Il est vrai que l’occupation chaotique des rues exploite les taux croissants de jeunes chô­meurs qui n’ont pas trouvé mieux à faire. Or, on ne peut accepter le principe de l’occupation des rues comme solution au chômage. Sinon, on se trouvera obligé d’accepter l’usurpation des terres agricoles sur lesquelles sont construits des immeubles et des maisons sous prétexte que cela contribue à résoudre la crise du logement des démunis et des pauvres.

L’Etat est appelé à réagir rapidement pour résoudre les problèmes flagrants des couches démunies remplaçant les faibles performances actuelles.

Si le chômage est l’une des raisons essen­tielles du phénomène de l’occupation des rues et par conséquent des phénomènes de violence politique et criminelle, l’Etat doit impérative­ment élaborer un plan précis pour mettre fin à la crise avant que l’Egypte ne se transforme en une zone sauvage dangereuse, autant pour les citoyens que les touristes.

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