D’où un impact lourd sur les intérêts américains, son autorité et sa crédibilité au Proche-Orient et dans le monde entier.
Premièrement, Washington s’est totalement aligné sur la position israélienne après les événements du 7 octobre et lui a apporté son soutien au Conseil de sécurité en avortant tout projet de résolution accusant l’attaque israélienne contre la bande de Gaza. Washington a également fourni à Israël un soutien militaire dans cette guerre en envoyant des porte-avions et des navires de guerre sur les côtes méditerranéennes d’Israël. C’est ainsi que Washington a envoyé un message aux adversaires d’Israël pour les dissuader de s’engager dans la guerre en faveur du Hamas. En plus, le Congrès américain a approuvé un projet de loi pour offrir 14 milliards de dollars d’aides militaires à Israël.
Cet alignement et soutien absolu a mis les Etats-Unis dans une impasse. L’Administration de Biden essaie de réaliser un équilibre entre, d’un côté, son soutien à Israël pour qu’il réalise ses objectifs militaires contre Gaza consistant à se débarrasser du Hamas ou, au moins, à détruire ses capacités militaires, en plus de la libération des otages. D’autre côté, Biden tente d’exploiter son grand soutien à Israël pour renforcer sa position à l’élection présidentielle, en gagnant les faveurs du lobby juif.
A Gaza, les infrastructures ont été complètement démolies, les hôpitaux, les écoles et les ambulances sont visés. Un siège complet est imposé, les habitants sont privés d’électricité, de carburant, d’eau potable, de nourriture et de médicaments. Tout ceci constitue une violation claire du droit international humanitaire et un défi à la volonté de la communauté internationale. Ce qui s’est concrétisé dans une résolution adoptée par l’Assemblée générale de l’Onu, approuvée par 120 Etats qui se sont réunis sous le nom de l’Union pour la paix, réclamant un cessez-le-feu immédiat, une trêve humanitaire et la protection des civils.
La réalité est qu’il n’existe pas une volonté américaine d’exercer de vraies pressions sur le gouvernement de guerre israélien afin de parvenir à un cessez-le-feu provisoire. Le prétexte avancé par Washington est que le Hamas en profitera. En plus, l’administration pose une condition qui est la libération des otages détenus par le Hamas. Chose difficile à réaliser car c’est la carte la plus importante que le Hamas détient dans cette guerre et qu’il utilise pour réclamer la libération des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. Donc, les Etats-Unis, qui sont l’unique partie capable de faire pression sur le gouvernement israélien, n’ont pas l’intention de le pousser vers l’accalmie et le cessez-le-feu. Avec l’aggravation de la catastrophe humanitaire à Gaza, les Etats-Unis et Israël sont devenus isolés sur la scène internationale. De même, la crédibilité de Washington s’est effondrée, surtout avec l’écart flagrant dans ses positions à l’égard de Gaza en comparaison avec celles sur l’Ukraine.
Deuxièmement, la politique américaine alignée sur Israël poussera les Etats de la région à se retourner vers l’est, en particulier vers la Russie et la Chine qui sont les adversaires des Etats-Unis, ce qui affectera les intérêts américains. Ceci reflète une erreur stratégique américaine dans la région.
Troisièmement, si les Etats-Unis n’interviennent pas efficacement pour imposer un cessez-le-feu et si la stratégie d’élimination du Hamas se poursuit, ceci menace de faire déclencher une guerre régionale élargie, en particulier après le discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avançant que son engagement complet dans la guerre est lié à la poursuite de l’escalade contre Gaza. Cette guerre probable aura des répercussions dangereuses sur la stabilité de la région et sur les intérêts des Etats-Unis, en plus de l’aggravation de l’état de haine entre les peuples et les religions et du renforcement des courants extrémistes et terroristes qui prennent la cause palestinienne comme prétexte.
La gestion américaine de la guerre contre Gaza et son alignement absolu sur Israël ont des répercussions graves et poussent la région vers une nouvelle phase d’instabilité, au détriment des intérêts des Etats-Unis.
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