Irresponsables parce que la construction du barrage se déroule sans consultation avec les pays en aval, l’Egypte et le Soudan. Or, celui-ci représente une menace à la vie de 150 millions de personnes en Egypte et au Soudan, qui risquent d’être privées d’eau. L’Egypte est au seuil de la rareté absolue d’eau avec un quota annuel par habitant de 580 m3 d’eau, un fait qui sera aggravé par le remplissage du barrage, alors que l’Ethiopie n’a jamais eu de problème d’alimentation en eau.
Irresponsables aussi parce qu’aucune étude sérieuse n’a été effectuée sur l’impact du barrage, alors que des doutes subsistent sur sa validité technique. Selon les experts, le projet, surdimensionné, a un impact indéniable sur l’envasement, la sismicité et la biodiversité de la région. L’Egypte a tout fait pour parvenir à un accord sur le fonctionnement du barrage qui garantit l’intérêt des trois pays concernés (l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte), mais en vain. Les Ethiopiens ont toujours tergiversé, jouant sur le facteur temps.
Lorsque Le Caire a exigé la formation d’un panel international d’experts pour évaluer les études éthiopiennes sur le barrage, l’Ethiopie a réclamé que le rapport des experts soit consultatif et non contraignant ! Les experts ont fait part de plusieurs observations sur les plans de la construction et des études hydrauliques, environnementales et socioéconomiques relatives au barrage. Mais ces remarques n’ont jamais été prises en considération par Addis-Abeba qui a proposé qu’un comité scientifique regroupant des académiciens des trois pays soit formé pour travailler à la place du consultant ! Dimanche, le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Demeke Mekonnen, a exprimé la volonté de son pays de reprendre les négociations avec le Soudan et l’Egypte sur le barrage de la Renaissance. Mais on ne voit pas quelles négociations. Il ne s’agit là que de la poudre aux yeux.
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