Le 10 mars, l’Iran et l’Arabie saoudite annonçaient le rétablissement de leurs relations diplomatiques après 7 ans de rupture. Une nouvelle qui a sonné comme un coup de semonce en direction des Etats-Unis. Quelques jours plus tard, le 18 mars, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, déclarait en Egypte que Le Caire et Ankara « s’apprêtent à reprendre leurs relations » après plus de 10 ans de rupture. Le même jour, le président syrien, Bachar Al-Assad, effectuait une visite inédite aux Emirats arabes unis, sa deuxième dans le Golfe depuis le séisme dévastateur du 6 février. Une visite qui n’était pas du goût de Washington. Près de 12 ans après les révoltes arabes de 2011 qui avaient bouleversé les rapports de force dans la région, l’heure, semble-t-il, est au réalisme politique. Réalisme pour Riyad et Abu-Dhabi d’abord. La nouvelle donne au Moyen-Orient et le relatif désengagement américain de la région ont incité les deux pays à adopter des politiques étrangères plus pragmatiques.
Lassée par la nonchalance américaine sur le dossier de l’Iran, l’Arabie saoudite a décidé de « prendre son sort en main » et de négocier directement avec Téhéran. La nouvelle donne en Syrie et les victoires successives du régime syrien ont rendu inéluctable le retour de Damas dans le giron arabe. Quant au renouement turc avec l’Egypte, il est également le fruit de la realpolitik. Le président turc, qui a joué la carte de l’islamisme politique au lendemain des révoltes arabes, s’est vite rendu compte que cette carte est « périmée » après la défaite du courant islamiste dans plusieurs pays de la région. La région est, semble-t-il, au seuil d’un nouvel ordre géopolitique.
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