Six mois se sont écoulés depuis le déclenchement de l’opération militaire « spéciale » russe, la guerre en Ukraine se poursuit encore; chose qui n’était pas prévue au début de l’opération le 24 février. La crise entre les deux pays s’était accentuée quelques semaines avant l’opération; la Russie avait commencé à mobiliser ses forces, l’Otan avait commencé à lancer des menaces économiques et Washington semblait être sûr de l’intention russe de s’engager dans une guerre, dont il diffusait les plans dans le monde entier, comme s’il lisait dans les mains de Moscou.
Tout semblait bizarre et imaginaire, les plans de guerre étaient diffusés avant son déclenchement, les évolutions semblaient ressembler à des hallucinations historiques quand le président russe avait exprimé de grandes amertumes liées à l’effondrement de l’Union soviétique, à une soumission douloureuse et à une déception amère à cause du désengagement de l’Occident à ses promesses au moment de la fin de la Guerre froide. Le dirigeant russe avait également fait allusion à l’histoire tsariste russe et à sa relation avec l’Ukraine, qui a rendu Kiev plus proche de la capitale russe que du camp occidental.
Au milieu de tout cela, la Russie et la Chine se sont entendues le 4 février dernier sur un document invitant à réviser l’ordre mondial de façon à se débarrasser du monopole américain sur la direction du monde, que ce soit à travers la présence militaire, le commerce ou la devise américaine.
Préalablement, Washington avait commencé sa guerre idéologique en divisant le monde en « démocrates » et « autoritaires », sous forme de tutelle politique et éthique mondiale qui usurpe aux régimes politiques leur légitimité politique dans plus de la moitié du monde.
Tout ceci a poussé de nombreux observateurs, dont moi-même, non à être terrifiés par l’approche de la nouvelle guerre européenne, mais à penser que c’est un moment de tension qui constitue la base de négociations futures. Les contacts se poursuivaient encore entre les deux côtés et de nombreuses parties avaient décidé d’assumer un rôle de médiation sans y être invitées. Les prétextes qui éloignaient l’éventualité de la guerre avançaient que l’interdépendance entre la Russie et l’Occident dans les domaines de l’énergie, de la technologie et de la nourriture rendait la guerre impossible.
Cependant, la guerre s’est déclenchée et il a été prouvé que la théorie de l’interdépendance nécessite une révision et que « la géographie politique » et « l’identité nationale » avec leurs dimensions historiques sont capables de nourrir le feu d’une guerre acharnée.
On remarque que la guerre a largement influencé les relations entre l’Occident et la Chine, qui, malgré les positions américaines antagonistes envers la Chine que ce soit pendant le mandat de Trump ou de Biden, se caractérisent par un état clair d’interdépendance dans les domaines du commerce, de l’investissement, de la technologie, ainsi que les questions concernant les pandémies et le réchauffement climatique.
Quand la guerre en Ukraine s’est déclenchée, a également émergé la question de Taïwan avec la visite de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants américaine à Taïwan. La Chine a alors effectué une simulation militaire de l’opération de l’invasion de Taïwan tout en continuant à s’abstenir de voter au Conseil de sécurité comme elle le fait depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Après 6 mois de guerre, les dégâts ukrainiens sont flagrants. Mais du point de vue stratégique, il existe une certaine égalité car la Russie n’a ni réalisé ses objectifs stratégiques élémentaires (c’est-à-dire l’occupation de Kiev et le changement du régime politique), ni réussi à réaliser ses objectifs secondaires d’annexer l’est et le sud et d’isoler l’Ukraine de la mer Noire. En même temps, l’Ukraine n’a pas réussi à libérer les terres ukrainiennes après que la Russie eut occupé des régions entières du Donbass.
Après 6 mois de guerre, la Russie semble être capable de résister au boycott économique et possède sur ses vastes territoires des ressources suffisantes à la poursuite du combat. Quant à l’Ukraine, après la destruction qu’elle a subie, elle est confiante que la reconstruction est proche et que les aides militaires et économiques occidentales sont suffisantes pour une longue guerre d’épuisement. Jusqu’à aujourd’hui, aucun signe de relâche n’est apparu des deux côtés.
Nous en arrivons au reste du monde avec l’Egypte en tête. Les dégâts économiques de la guerre, qui sont survenus immédiatement après une crise sanitaire mondiale, ont eu des répercussions pesantes sur l’Egypte. Elle a continué à lutter contre le terrorisme, a fait face à la pandémie tout en poursuivant son plan de développement, comme s’il n’y avait ni terrorisme ni pandémie. Il en sera de même pour les répercussions de la guerre ukrainienne. Comme nous l’avons fait dans toutes les crises précédentes, il faut s’adapter au niveau de la mobilisation des ressources et des esprits dans le cadre d’un plan stratégique global, qui cette fois-ci doit être plus clair. La coopération régionale entre 5 pays arabes qui est apparue au Sommet d’Al-Alamein, et préalablement à Djeddah à travers un sommet de 9 parties, prévoit un « nouveau régionalisme » utile et prometteur.
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