Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, va-t-il lâcher définitivement les Frères musulmans pour achever son projet de rapprochement avec l’Egypte ? Le chef de l’Etat turc a fait, cette semaine, de nouvelles déclarations en faveur d’un renouement avec Le Caire.
Erdogan a dit « apprécier les relations avec le peuple égyptien frère » et a souhaité « franchir une nouvelle étape dans le rapprochement avec l’Egypte au plus haut niveau ». Englué dans ses problèmes économiques et isolé sur la scène internationale, Erdogan veut désormais renouer avec ses voisins régionaux, dont l’Egypte. Or, il sait que pour renouer avec Le Caire, il doit remettre aux autorités égyptiennes les dirigeants de la confrérie impliqués dans des crimes terroristes. Erdogan avait déjà « fait un geste » en demandant aux Frères réfugiés en Turquie d’atténuer leurs attaques médiatiques contre l’Egypte. Il n’a cependant jamais évoqué la remise au gouvernement égyptien des dirigeants de la confrérie.
Erdogan a sans doute besoin des islamistes turcs pour la prochaine élection présidentielle, prévue en juin 2023. C’est la raison pour laquelle il veut faire croire qu’il soutient toujours l’islam politique. Mais une fois l’élection terminée, Erdogan privilégiera sans doute ses intérêts.
Son alliance avec les Frères n’a pas réalisé son projet régional, et pour lui, la confrérie est devenue un fardeau plus qu’autre chose. Par conséquent, il ne ressentira aucune gêne à « vendre » ses anciens alliés s’il voit en cela un intérêt. Tous les slogans qu’il a brandis pendant des années sur la fraternité islamique ne visaient, en réalité, qu’à jouer sur les sensibilités religieuses pour réaliser son rêve de leadership islamique.
En fait, Erdogan a exploité le mouvement de l’islam politique pour ses intérêts. Désormais, ses slogans religieux cachent mal son opportunisme politique.
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