Relancés fin novembre à Vienne, après cinq mois d’interruption, les pourparlers pour sauver l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien entre Téhéran et les Occidentaux (France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie et Chine) semblent piétiner. Seuls de modestes progrès ont été accomplis, selon les Américains, l’Iran refusant de revenir aux précédents arrangements et exigeant la levée des sanctions américaines comme condition préalable à tout progrès. Les Iraniens veulent d’abord se prémunir contre une possible nouvelle volte-face américaine après le retrait de Donald Trump de l’accord en 2018. Le régime iranien ultraconservateur d’Ibrahim Raïssi veut aussi montrer à sa population qu’il est capable de gérer les grands dossiers internationaux comme l’a fait son prédécesseur modéré, Hassan Rohani. Les Iraniens espéraient que Joe Biden permette un retour facile à l’accord nucléaire, mais l’Administration Biden a été plus exigeante que ne l’attendait les Iraniens. Un an après l’entrée en fonction du président démocrate, l’économie iranienne est toujours sous pression. Puis, il y a la dynamique régionale. Les frappes israéliennes contre les installations militaires iraniennes en Syrie, la défaite des alliés de l’Iran aux élections législatives en Iraq et les manifestants au Liban contre le Hezbollah pro-iranien ont affaibli l’influence de l’Iran dans la région. Les Iraniens eux-mêmes sont sortis dans les rues pour protester contre leur gouvernement en 2019. Tout ceci sans parler de la colère populaire à Beyrouth et à Bagdad à l’automne 2019 contre la corruption et le sectarisme, qui visait également l’influence iranienne. Tous ces facteurs ont rendu les Iraniens peu enclins à faire des concessions dans le dossier nucléaire. Les Américains, eux, soupçonnent Téhéran de vouloir seulement gagner du temps pour fabriquer la bombe. Il est probable que le jeu du chat et de la souris entre Américains et Iraniens se poursuive quelque temps, chacune des deux parties essayant de faire le moins de concessions possible. La conclusion d’un accord semble cependant dans l’intérêt des deux camps, car l’alternative pour l’Iran est de subir de nouvelles sanctions alors que son économie est au bord de l’effondrement. Quant à l’Administration Biden, elle est convaincue qu’un accord est le meilleur moyen de contenir les ambitions régionales de Téhéran.
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