La situation s’aggrave en Ethiopie. Un an presque jour pour jour après le début de l’offensive de l’armée éthiopienne contre la province du Tigré en novembre 2020, les rebelles tigréens semblent prendre le dessus sur les forces fédérales. Neuf groupes rebelles éthiopiens, dont ceux du Tigré, ont annoncé, le 5 novembre, la création d’une alliance contre le gouvernement du premier ministre, Abiy Ahmed. De plus, les troupes rebelles ont annoncé qu’elles avançaient vers Addis-Abeba. « Un coup de pub », affirme le gouvernement éthiopien.

Mais le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui combat le gouvernement fédéral depuis un an, a revendiqué des « gains territoriaux significatifs » ces derniers jours, avec son allié, le Front de libération de l’Oromo. Et selon certains observateurs, les troupes rebelles pourront atteindre Addis-Abeba dans quelques semaines si les choses avancent à cette cadence.

L’Ethiopie s’enlise dans les conflits et se retrouve aujourd’hui au seuil de l’éclatement. Le premier ministre éthiopien voit son pouvoir menacé par l’avancée des rebelles. Son projet réformiste tombe à l’eau. Le lauréat du prix Nobel 2019 avait pourtant promis une victoire rapide à ses troupes. L’échec de ce projet est dû aux erreurs répétitives d’Abiy Ahmed.

Le chef du gouvernement éthiopien a voulu créer un pouvoir central fort en Ethiopie sans jamais tenir compte de la nature pluri-ethnique de ce pays qui compte 80 ethnies et communautés différentes. S’il a pris des mesures pour réunir les différentes ethnies sous la bannière nationaliste, celles-ci sont restées superficielles et leur teneur et leurs enjeux n’ont jamais été questionnés. Quant aux questions de fond, elles n’ont jamais été abordées. Il faut savoir que les conflits ethniques sont très souvent liés à des injustices sociales et aux pratiques étatiques. En voulant réunir le pays sous son emprise, Abiy Ahmed n’a fait qu’exacerber davantage les conflits.