Le rapport sur le développement humain intitulé « Le développement, un droit pour tous » a vu le jour après plus d’une décennie d’absence au cours de laquelle de nombreux événements ont eu lieu.
Il était donc tout à fait normal qu’il aborde un certain nombre de dossiers qui sont au centre de l’intérêt de l’Etat, comme la réforme économique, la restructuration des subventions, le logement, les questions relatives à la femme, la pauvreté, la protection sociale et autres.
En général, on trouve dans ce genre de rapport, soutenu par le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), des chiffres, des analyses et des recommandations. Le rapport a été élaboré par une cohorte de chercheurs sérieux, guidée par Dr Khaled Zakariya, professeur d’administration publique à la faculté d’économie et de sciences politiques.
Je voudrais personnellement m’arrêter devant trois questions principales qui, selon moi, sont des problématiques importantes en matière de développement. La première est l’équilibre géographique, c’est-à-dire l’expansion des efforts de développement au lieu de leur centralisation dans certaines régions aux dépens d’autres. Le rapport souligne l’absence de ce déséquilibre qui entrave la croissance et dont la conséquence directe était des régions rurales qui se caractérisent par un exode massif et une capitale marquée par une densité démographique insupportable.
Dans le passé, l’espace rural égyptien souffrait de la faiblesse des services et la croissance démographique était un fardeau pour les services et les infrastructures. Résultat : des rassemblements urbains qui s’élargissaient chaotiquement pour devenir des zones non planifiées.
L’initiative présidentielle « Vie décente » contribuera au développement des zones rurales, en faisant en sorte qu’elles deviennent plus productives et qu’elles assimilent mieux le potentiel humain, les projets d’investissement et les opportunités d’emploi.
Sur ce point, le rapport dresse une conclusion logique selon laquelle la pauvreté augmente lorsque la contribution des différentes régions à la croissance économique recule. La deuxième question est celle de l’équilibre entre la quantité et la qualité qui est en rapport avec le développement vertical, c’est-à-dire avec l’expansion géographique. Lorsque l’on parle de quantité, il est question d’élargir le développement à un plus grand nombre de régions. Il s’agit d’augmenter le nombre d’hôpitaux, d’écoles, de routes et de réseaux de drainage et d’eau.
La qualité est plus en rapport avec les services procurés et les objectifs que l’on aspire à réaliser. Notons que le rapport a fait le lien entre ces deux dimensions, soulignant leur besoin urgent pour promouvoir la vie d’une société qui a souffert des décennies durant d’une faiblesse des services publics. Cette problématique caractérise surtout les pays émergents qui ont besoin d’améliorer la qualité des services face à une demande croissante, une pénurie des ressources et une mauvaise distribution des priorités. La troisième question est celle de l’équilibre dans les dimensions du développement.
Les chercheurs savent bien que le concept de développement est passé par plusieurs étapes successives. Au début, on a parlé de développement économique. Ensuite, le monde s’est rendu compte que les ressources ne sont pas suffisantes et qu’il fallait accorder un intérêt à l’élément humain. Ainsi, on a vu émerger le concept de développement humain qui se focalise sur la promotion de l’enseignement, de la santé et de la formation.
Puis, on a vu apparaître le développement social qui est lié à des questions comme la femme, le logement et la lutte contre la pauvreté. Enfin, les économistes se sont attaqués au rôle des politiques publiques pour combiner tous ces aspects, donnant lieu à de nouveaux concepts comme la gouvernance, la transparence, la lutte contre la corruption et le gouvernement électronique, entre autres. Et ce, pour dire que l’approche en matière de développement a pris des formes multiples tout au long des générations successives.
Il est remarquable que le rapport du développement humain 2021 rassemble toutes ces approches qui sont liées les unes aux autres et qui forment aujourd’hui le concept de développement. Le rapport donne plusieurs recommandations tournant autour des trois questions mentionnées plus haut qui visent à réaliser différents équilibres. Certaines recommandations se rapportent à l’achèvement de l’infrastructure législative comme les lois sur les municipalités, le statut personnel et la liberté d’échange de l’information.
Le rapport souligne l’importance de l’application sur le terrain des différentes législations. Il faut également accorder un intérêt grandissant aux données. Tout ceci doit être soutenu par des politiques financières, de lutte contre la corruption et de promotion de l’administration locale, qui sont le fondement du développement durable dans tous les gouvernorats. Le rapport note d’ailleurs que le transfert à la Nouvelle Capitale administrative est une opportunité pour prendre de nouvelles mesures visant à faciliter la réalisation des objectifs multidimensionnels de développement. Je crois que le rapport avec ses analyses et ses chiffres fournit un matériel riche pour les chercheurs qui veulent approfondir leur connaissance dans les sciences sociales et qui se soucient aussi des applications sur le terrain .
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