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Difficiles négociations

Al-Ahram Hebdo , Lundi, 11 octobre 2021

Pressé par les pays occidentaux, l’Iran a enfin annoncé qu’il envisageait une reprise des négociations sur son programme nucléaire dès le mois de novembre. « Je ne pense pas qu’il nous faudra le même temps qu’il a fallu au gouvernement Biden pour venir (négocier) à Vienne », a indiqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh. Et d’ajouter : « Je ne pense pas que le retour des négociateurs iraniens prendra 90 jours, en comptant à partir de la prise de fonctions d’Ebrahim Raïssi ». C’est la première fois que l’Iran avance une date pour un retour à la table des négociations.

Conclu en 2015 entre l’Iran, d’un côté, et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Royaume-Uni, Chine, Russie, France et Allemagne), de l’autre côté, l’accord nucléaire offrait à l’Iran la levée d’une partie des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à renoncer à son programme nucléaire. Mais après le retrait unilatéral des Américains de l’accord en 2018 sous la présidence de Donald Trump, Téhéran avait progressivement abandonné la plupart de ses engagements.

Les négociations de Vienne ont pour but de réintégrer Washington à l’accord et faire en sorte que l’Iran respecte ses engagements dans l’accord. L’Iran et l’Administration Biden se livrent à un véritable bras de fer voulant chacun se présenter aux négociations en position de force. L’Iran exige qu’une fois conclu, l’accord soit protégé contre tout retrait unilatéral. Mais les Américains affirment qu’ils ne peuvent pas cautionner le comportement des futures Administrations américaines. Téhéran exige aussi la suppression de 800 sanctions « illégales » imposées par l’Administration Trump. En réalité, les conservateurs iraniens veulent montrer qu’ils peuvent faire mieux que l’ancien président réformateur, Hassan Rohani, en arrachant aux Américains des garanties. Ils veulent également que les Gardiens de la Révolution (ndlr : groupe paramilitaire placé au service du guide suprême) soient retirés de la liste noire des organisations terroristes. Leur stratégie consiste à créer une « urgence nucléaire » en se désengageant de l’accord de 2015. Mais Washington ne l’entend pas de cette oreille et veut conditionner la reprise des négociations par des discussions sur le programme balistique iranien et la politique régionale de l’Iran. Les négociations s’annoncent d’ores et déjà difficiles.

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