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La stratégie égyptienne des droits de l’homme

Alaa Sabet , Mardi, 28 septembre 2021

En grandissant dans la ville de Louqsor, je visitais souvent le temple de la reine Hatchepsout qui est un chef-d’oeuvre architectural. J’écoutais les guides touristiques et les habitants de la ville parler de l’intelligence d’Hatchepsout et comment elle a excellé dans la gestion de l’Etat. Hatchepsout n’est pas l’unique reine à avoir accédé au trône dans l’Ancienne Egypte, il y en a beaucoup d’autres, tandis qu’à cette époque, la femme ne jouissait pas de la même estime dans la plupart des autres civilisations anciennes.

Alaa Sabet

Dans l’Ancienne Egypte, il n’était pas seulement question d’accéder au trône, mais la femme occupait aussi des postes ecclésiastiques et avait tous ses droits en ce qui concerne la propriété et l’héritage, contrairement à d’autres civilisations comme la civilisation grecque. Cependant, l’Egypte a connu de longues périodes d’occupation pendant lesquelles les droits de l’homme ont connu une régression, y compris les droits de la femme.

J’ai pensé à tout ceci en suivant l’allocution du président Abdel-Fattah Al-Sissi sur la stratégie égyptienne des droits de l’homme. Celle-ci ne s’est pas intéressée uniquement aux droits politiques et aux droits d’expression et de publication, mais aussi aux droits économiques et sociaux, ainsi qu’au développement global.

La conception américaine et européenne des droits de l’homme ne se focalise pas beaucoup sur ce concept. Peut-être parce que les Etats-Unis et les pays européens ont déjà réalisé des acquis importants sur la voie du développement économique et social, bien que certaines franges de la population souffrent encore de la pauvreté et de la marginalisation, et aussi du racisme. Ce phénomène est réapparu de façon inquiétante. Les partis de la droite extrémiste, le néonazisme et le fascisme existent dans les pays développés malgré le progrès industriel et technologique. Et dans certains pays, les femmes n’ont pas les mêmes salaires que les hommes, elles sont marginalisées et souffrent de discrimination et de différentes formes de violence.

Il est surprenant que les Etats-Unis ne figurent pas parmi les 50 premiers pays qui appliquent l’égalité homme/femme. Les taux les plus élevés de viol et de violence contre la femme existent aux Etats-Unis. Dans les années 1950, on a vu apparaître le maccarthysme aux Etats-Unis. Des employés de l’Etat et des personnalités publiques ont été accusés de communisme et d’espionnage. Plus de 200 personnes ont été emprisonnées, en plus de 10000 autres qui ont été renvoyées de leurs emplois.

En Europe, il y a eu des massacres atroces avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, commis par le nazisme en Allemagne, le fascisme en Italie, et Staline en Union soviétique.

Donc, dans l’histoire moderne de l’Europe et des Etats-Unis, il y a des périodes difficiles qui ont annihilé les droits de millions d’êtres humains. Ces pays n’étaient pas des anges, la preuve est que, pendant longtemps, des pays développés ont pratiqué le commerce des esclaves et ont occupé d’autres pays en y violant les droits de l’homme.

Chaque civilisation a ses caractéristiques et ses valeurs qui diffèrent selon les époques, la géographie, les circonstances et les coutumes. Puisque nous parlons de l’importance d’accepter l’autre, il faut également prendre en considération la différence de valeurs entre une société et une autre. Aucun Etat ou groupe n’a le droit d’imposer ses valeurs aux autres, et aucun groupe n’a le droit d’imposer ses croyances aux autres, il faut reconnaître ces différences. Il ne s’agit pas ici de justifier certains aspects négatifs, au contraire. Il faut respecter les principes généraux des droits de l’homme : la citoyenneté, la liberté de croyance et d’expression et l’égalité des droits.

Il faut également prendre en considération l’existence de différences au niveau des cultures et des coutumes et laisser chaque société évoluer selon son rythme naturel.

Prenons l’exemple de ce qui s’est passé en Afghanistan depuis l’occupation américaine en 2001, les Etats-Unis ont reconnu avoir échoué à appliquer les valeurs américaines au peuple afghan. C’est un exemple qui prouve que l’imposition de valeurs qui ne respectent pas les coutumes et l’héritage des peuples aboutit à des résultats contraires, tandis que l’évolution qui résulte du dialogue et de l’échange des connaissances donne lieu à des progrès réels.

De plus, chaque Etat et chaque peuple ont leurs priorités, il est impossible qu’un Etat qui souffre de la pauvreté et de l’absence des soins médicaux néglige le droit à un logement adéquat et à une vie décente, et se focalise, par exemple, sur les droits des homosexuels au mariage. Le droit à la vie décente est une priorité qu’il faut garantir à tous les peuples, parallèlement à l’évolution naturelle et graduelle des droits politiques. Ce qui nuit le plus aux droits des hommes c’est leur exploitation par certaines parties extérieures pour détruire les sociétés de l’intérieur. Le rôle des droits de l’homme n’est pas de détruire les Etats. Ces droits sont censés être un outil d’évolution et de développement. Les droits de l’homme ne doivent pas être impliqués dans les conflits internationaux et les disputes politiques l

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