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L’enlisement

Al-Ahram Hebdo , Mardi, 07 septembre 2021

Le conflit au Tigré continue de s’envenimer, augurant d’une crise humanitaire sans précédent. Des millions d’habitants de cette région sont désormais privés de nourriture et de toutes sortes d’aides. Et selon l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés, des milliers de personnes fuient chaque jour les combats au Tigré pour se réfugier dans l’est du Soudan. L’Onu estime que 5,2 millions de personnes ont besoin d’une aide d’urgence, sinon le monde connaîtra la plus grande famine qu’il n’ait jamais connue depuis des décennies.

Face au Front de Libération du peuple du Tigré (TPLF) qui conteste son pouvoir et réclame une large autonomie pour la province du Tigré (nord), le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a lancé en automne 2020 une vaste offensive visant à « rétablir l’ordre » et « corriger » les rebelles tigréens. Mais la guerre au Tigré tourne rapidement au camouflet pour le premier ministre éthiopien. Après s’être emparée de vastes parties du Tigré, l’armée éthiopienne doit se retirer et concéder les territoires conquis. Abiy Ahmed a cru au départ qu’il viendrait rapidement à bout des forces tigréennes et que son offensive au Tigré serait une affaire strictement interne. Mais il n’en fut rien. L’incapacité du gouvernement éthiopien à conclure à son avantage le conflit au Tigré est due à une multitude de facteurs. Outre le mauvais état des routes et les reliefs accidentés de la région du Tigré qui rendent difficile le déplacement des troupes et qui offrent un refuge idéal aux Tigréens, il y a les erreurs de jugement commises par Abiy Ahmed. Après son arrivée au pouvoir en 2018, celui-ci avait procédé à des purges dans les rangs des Tigréens qui occupaient alors des postes importants au sein de l’armée. Ces limogeages ont sérieusement affaibli l’armée éthiopienne. Mais la grande erreur d’Abiy Ahmed est d’avoir été hostile aux demandes des organisations humanitaires et de la communauté internationale et d’avoir nié les violations commises par son armée. Résultat : il a perdu son crédit auprès des Occidentaux. Les massacres répétitifs et la situation humanitaire catastrophique soulèvent désormais de nombreuses interrogations sur la situation au Tigré. Abiy Ahmed s’est enlisé certes dans un conflit aux répercussions incertaines.

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