Le retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan après en avoir été exclus par les Américains 20 ans durant soulève bien des interrogations. L’Afghanistan va-t-il redevenir une base arrière pour lancer des attaques terroristes contre l’Occident ? Le retrait américain va-t-il réveiller les groupuscules djihadistes affiliés à Al-Qaëda, notamment dans la région du Sahel comme l’AQMI (Al-Qaëda au Maghreb Islamique) et autres ? Les Talibans se sont engagés dans leur accord conclu avec les Etats-Unis en 2020 à ne pas recruter, financer ou entraîner des éléments qui pourraient mettre en péril la sécurité des Etats-Unis. Mais considérer ces promesses comme acquises serait une erreur. D’abord parce que le retrait américain d’Afghanistan et l’avènement des Talibans est un énorme coup de propagande en faveur des groupes djihadistes dans le monde. Ceux-ci ont été d’ailleurs malmenés en Syrie, en Iraq et au Sahel. Ensuite parce que les liens entre les Talibans et Al-Qaëda sont bien connus et datent des années 1990 du siècle dernier. D’ailleurs, la guerre américaine en Afghanistan a été lancée pour neutraliser Al-Qaëda. Plusieurs groupes affiliés à Al-Qaëda se sont empressés de saluer le succès des Talibans. Certes, les relations entre les deux groupes ont évolué, et il faut les inscrire aujourd’hui dans un nouveau contexte. Le nouveau régime des Talibans ne veut pas compromettre son image aux yeux de la communauté internationale. Il s’est engagé à respecter les droits de l’homme et les droits de la femme. Mais si les Talibans d’aujourd’hui sont différents de ceux de 2001, ce n’est pas parce qu’ils ont renoncé à leur fondamentalisme religieux, mais parce qu’ils n’ont pas l’intention de répéter l’erreur commise en 2001 lorsqu’ils ont soutenu à outrance Al-Qaëda, ce qui leur a coûté la chute de leur régime. Les Talibans continueront sans doute à apporter un soutien à Al-Qaëda, mais de manière différente qu’en 2001. La vigilance est donc nécessaire.
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