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Le dilemme islamiste

Al-Ahram Hebdo , Mardi, 03 août 2021

Avec la crise politique en Tunisie et le limogeage du gouvernement islamiste par le président Kais Saïed, c’est un nouveau constat d’échec qui s’annonce pour les islamistes tunisiens. Certains avaient émis le souhait après les révoltes arabes de 2011 que les partis islamistes modérés intègrent le processus démocratique et exercent la démocratie dans un cadre institutionnel. L’intégration de ces mouvements dans des structures démocratiques était, selon eux, le meilleur moyen de faire face à l’idéologie extrémiste. Aujourd’hui, nous avons la preuve qu’il n’en est rien. L’islamisme modéré, représenté par les Frères musulmans, a essuyé un échec aussi bien en Egypte qu’en Tunisie.

En Egypte tout d’abord, les Frères, qui avaient fait de la justice leur cheval de bataille politique, sont restés prisonniers de leur discours identitaire. Ils n’ont jamais pu se départir de cette logique selon laquelle la confrérie est l’ultime autorité et non pas l’Etat. Le résultat est que les principes de la citoyenneté n’ont jamais été respectés. Les Frères ont été incapables de mener un dialogue avec les autres franges de la classe politique. Résultat : une polarisation extrême qui a précipité leur chute.

Idem en Tunisie. Les islamistes, qui ont pris le pouvoir au lendemain de la Révolution de 2011, ont été confrontés à deux défis majeurs : le chômage et le terrorisme. Mais là encore, engagés dans d’interminables disputes politiques, ils ont laissé l’économie à l’abandon. La crise économique s’est aggravée. Le chômage, devenu endémique avec 18 % de la population (contre environ 13 % en 2010 avant la révolution), touche désormais les jeunes Tunisiens, dont une grande partie est des diplômés d’université. Par ailleurs, le problème de l’insécurité a continué à sévir avec des attaques terroristes contre des stations de tourisme. Jamais le nombre de Tunisiens engagés dans les rangs de Daech n’a été aussi grand que sous le pouvoir islamiste. Si l’expérience de l’islam politique a échoué en Egypte et en Tunisie, c’est parce que ces mouvements ont été incapables de répondre aux exigences de l’Etat-nation.

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