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L’Iran, la Turquie et le contexte régional

Mardi, 15 juin 2021

Lorsque le vent de révolte a soufflé sur la région en 2011, entraînant la chute de plusieurs régimes, le vide politique qui en a résulté a été vite exploité par deux puissances à la périphérie du monde arabe: l’Iran et la Turquie. Les deux puis­sances, animées d’une volon­té d’étendre leurs sphères d’influence, se sont alors ruées sur cette région meurtrie par les conflits. L’une et l’autre avaient des objectifs clairs: étendre l’in­fluence de l’islam chiite pour Téhéran et restaurer le rêve ottoman pour Ankara. L’une et l’autre avaient un passé impérial et nourrissaient le rêve de rétablir leur gloire passée. Très vite, la rivalité s’est installée entre les deux puissances. L’Iran a littérale­ment occupé la Syrie, en proie à une guerre civile, et étendu son influence en Iraq et au Yémen, menaçant par là même les monarchies pétrolières du Golfe. Idem pour la Turquie qui s’installe, elle aussi, en Syrie et tente de nouer des liens avec le régime des Frères musul­mans en Egypte mais échoue après la chute de ce dernier. Téhéran et Ankara sont alors les deux troublions de la paix dans la région.

Aujourd’hui, cependant, le vent a tourné. L’expansionnisme et le néo-colonialisme turco-iranien s’est vite retourné contre les intéressés. Car la dyna­mique régionale a changé. La Turquie a tout misé sur les mouvements de l’islam politique, or, ces derniers ont été défaits aussi bien en Syrie qu’en Egypte. Les poli­tiques hostiles du président turc, Recep Tayyip Erdogan, à l’égard de l’Egypte, son interventionnisme en Libye et ses diatribes contre l’Oc­cident ont fini par accen­tuer son isolement dans la région. Aujourd’hui, la Turquie est perdante sur toute la ligne.

Quant à Téhéran, son expansionnisme s’est vite heurté aux Etats-Unis. Et le régime iranien s’est retrou­vé sous le coup des sanc­tions américaines. Avec une économie affaiblie, il n’a plus vraiment les mains libres pour étendre son influence et se trouve dans l’obligation de faire des compromis. D’où le discours d’apaise­ment tenu par l’Iran à l’égard de l’Arabie saoudite et ses tentatives de revenir rapide­ment dans l’accord nucléaire (annulé par Donald Trump) afin que les sanctions qui pèsent sur son économie soient levées. Autre facteur. Les accords de normalisa­tion entre certaines monar­chies du Golfe et Israël ont accentué le sentiment d’iso­lement de Téhéran .

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