Quelle était la portée de la visite, cette semaine au Caire, du ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohamed Abdel-Rahman Al Thani? Le responsable qatari a eu des entretiens avec son homologue égyptien, Sameh Choukri, et a été reçu par le président Abdel-Fattah Al-Sissi. Al Thani a notamment valorisé le rôle de l’Egypte dans la région sous la direction du président Sissi, qu’il a qualifié de « stratégique et axial » et a loué les efforts du Caire pour « protéger la sécurité nationale arabe et défendre les causes arabes ». Plus important encore, il a adressé une invitation au président Sissi de la part de l’émir du Qatar pour visiter Doha. Un geste symbolique qui dénote la volonté du Qatar de renouer pleinement avec l’Egypte après près de 4 ans de tensions.
L’Egypte avait rompu ses relations avec le Qatar en juin 2017, dans le cadre d’une action commune avec l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn, pour le pousser à abandonner ses politiques de soutien au terrorisme. En janvier dernier cependant, les relations ont été rétablies suite à un accord entre l’émirat et le quatuor arabe. L’Egypte et le Qatar avaient alors repris leurs contacts par ministres interposés, mais les relations étaient restées timides. C’est à la faveur de la guerre à Gaza que des contacts plus importants ont été faits entre les deux pays. Doha y a vu une chance d’améliorer ses relations avec Le Caire. En soutenant l’initiative égyptienne à Gaza, l’émirat a montré sa volonté de se rapprocher de l’Egypte, qui travaille avec les acteurs régionaux et internationaux, afin de consolider le cessez-le-feu à Gaza et lancer un plan de reconstruction de l’enclave dont l’infrastructure a été gravement endommagée durant les guerres successives avec Israël.
Après quatre ans d’isolement, le Qatar veut revenir pleinement dans le giron arabe. Or, l’Egypte est le plus grand pays arabe, et l’émirat sait pertinemment que la consolidation de ses relations avec les autres pays du Golfe passe aussi par la consolidation de ses relations avec l’Egypte. Mais Le Caire est suspicieux des agissements qataris, et ne renouera pleinement avec Doha que si celle-ci change ses politiques controversées dans la région.
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