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L’Ethiopie et la question du barrage

Mardi, 13 avril 2021

Et rebelote ! Les négocia­tions sur le barrage éthio­pien de la Renaissance qui se sont déroulées cette semaine à Kinshasa, capi­tale de la République du Congo, ont encore échoué. Faut-il s’en étonner ? Depuis plus de dix ans déjà, l’Egypte, rejointe à présent par le Soudan, négocie ferme avec l’Ethiopie pour préserver ses droits dans les eaux du Nil, sans jamais obtenir le moindre résul­tat. Autant dire que les choses sont claires. Les Ethiopiens ne veulent ni négocier ni conclure d’ac­cord susceptible de garan­tir les droits des pays en aval, alors qu’ils s’apprêtent à faire le second remplis­sage du barrage.

Cette intransigeance éthiopienne est à la fois irresponsable et dange­reuse. Irresponsable parce qu’en menaçant de couper les eaux du Nil bleu, elle met en péril la vie de 100 millions d’Egyptiens. Le remplissage du barrage éthiopien priverait, en effet, l’Egypte d’une partie de ses ressources en eau et l’ex­poserait à une grande pénu­rie. Il faut savoir que le volume du réservoir du barrage éthiopien équivaut à une fois et demie le débit annuel du Nil bleu. Or, l’Egypte compte presque entièrement sur les eaux du Nil pour l’irrigation et la consommation courante. Une telle pénurie, si elle venait à se produire, entraî­nerait une baisse des récoltes agricoles menaçant la sécurité alimentaire des Egyptiens.

Mais ce n’est pas tout. En réduisant la charge sédi­mentaire du Nil, le barrage éthiopien va également augmenter l’érosion des berges du fleuve mettant en danger certaines constructions comme les barrages ou les ponts.

L’intransigeance éthio­pienne est aussi dangereuse parce qu’elle crée des risques de confrontation et de déstabilisation dans une région déjà instable, la Corne de l’Afrique. Il va sans dire qu’un conflit armé dans cette région aurait des conséquences désas­treuses. Il est clair que Le Caire ne peut pas rester inerte face aux provoca­tions éthiopiennes et fera tout pour défendre sa sécurité et la sécurité de ses citoyens.

L’Ethiopie doit com­prendre, avant qu’il ne soit trop tard, que seule une coopération étroite peut minimiser l’impact de ce barrage sur les pays en aval et garantir en même temps l’intérêt des trois pays concernés.

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