Et rebelote ! Les négociations sur le barrage éthiopien de la Renaissance qui se sont déroulées cette semaine à Kinshasa, capitale de la République du Congo, ont encore échoué. Faut-il s’en étonner ? Depuis plus de dix ans déjà, l’Egypte, rejointe à présent par le Soudan, négocie ferme avec l’Ethiopie pour préserver ses droits dans les eaux du Nil, sans jamais obtenir le moindre résultat. Autant dire que les choses sont claires. Les Ethiopiens ne veulent ni négocier ni conclure d’accord susceptible de garantir les droits des pays en aval, alors qu’ils s’apprêtent à faire le second remplissage du barrage.
Cette intransigeance éthiopienne est à la fois irresponsable et dangereuse. Irresponsable parce qu’en menaçant de couper les eaux du Nil bleu, elle met en péril la vie de 100 millions d’Egyptiens. Le remplissage du barrage éthiopien priverait, en effet, l’Egypte d’une partie de ses ressources en eau et l’exposerait à une grande pénurie. Il faut savoir que le volume du réservoir du barrage éthiopien équivaut à une fois et demie le débit annuel du Nil bleu. Or, l’Egypte compte presque entièrement sur les eaux du Nil pour l’irrigation et la consommation courante. Une telle pénurie, si elle venait à se produire, entraînerait une baisse des récoltes agricoles menaçant la sécurité alimentaire des Egyptiens.
Mais ce n’est pas tout. En réduisant la charge sédimentaire du Nil, le barrage éthiopien va également augmenter l’érosion des berges du fleuve mettant en danger certaines constructions comme les barrages ou les ponts.
L’intransigeance éthiopienne est aussi dangereuse parce qu’elle crée des risques de confrontation et de déstabilisation dans une région déjà instable, la Corne de l’Afrique. Il va sans dire qu’un conflit armé dans cette région aurait des conséquences désastreuses. Il est clair que Le Caire ne peut pas rester inerte face aux provocations éthiopiennes et fera tout pour défendre sa sécurité et la sécurité de ses citoyens.
L’Ethiopie doit comprendre, avant qu’il ne soit trop tard, que seule une coopération étroite peut minimiser l’impact de ce barrage sur les pays en aval et garantir en même temps l’intérêt des trois pays concernés.
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