Mauvaises sous l’ancien président Omar Al-Béchir, les relations égypto-soudanaises connaissent une grande impulsion. Jugez-en plutôt. Le 6 mars, le président Abdel-Fattah Al-Sissi se rendait en visite officielle à Khartoum, la première depuis la chute d’Al-Béchir. Cette visite faisait suite à celle, les 2 et 3 mars au Caire, de la ministre soudanaise des Affaires étrangères, Mariam Al-Sadiq Al-Mahdi. Le 11 mars, c’était autour du premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, accompagné d’une pléiade de ministres, de venir dans la capitale égyptienne où il a rencontré le président Abdel-Fattah Al-Sissi. Début mars, le chef d’Etat-major égyptien, le général Mohamed Farid, était au Soudan où il a conclu un accord de coopération militaire.
Ces visites multiples illustrent l’ampleur du rapprochement entre les deux pays voisins. Un rapprochement dicté par les évolutions dans la région. Il y a d’abord la question ultrasensible des eaux du Nil. Les deux pays sont au prise avec l’Ethiopie sur le barrage de la Renaissance. Le Caire et Khartoum refusent l’approche unilatérale d’Addis-Abeba. Alors que les négociations traînent sur ce dossier, les deux pays alliés veulent faire barrage aux convoitises éthiopiennes dans les eaux du Nil.
Mais il n’y a pas que la question du barrage. Le Soudan qui sort d’une période de troubles internes, essaye de se relever des mauvaises gouvernances de l’ère d'Al-Béchir, qui ont affecté ses performances dans plusieurs secteurs. Khartoum a dans ce contexte besoin de l’Egypte pour restructurer son économie, mais aussi pour faire parvenir sa voix aux instances internationales. Le Soudan qui fait face à des mouvements armés au Kordofan et au Darfour a aussi besoin de l’Egypte pour moderniser son armée. Le Caire dispose de l’expérience nécessaire pour aider son voisin soudanais à ce niveau. Les deux pays ont organisé, en novembre dernier, des exercices militaires conjoints baptisés « Aigles du Nil ».
Si le Soudan a besoin de l’Egypte, Le Caire a aussi besoin du Soudan. Ce pays est la clé de la région de la Corne de l’Afrique. Il peut jouer un rôle dans le domaine de la lutte contre le terrorisme au sud du Sahara où pullulent plusieurs groupuscules terroristes. Enfin, il a une importance centrale pour assurer la sécurité en mer Rouge où l’Egypte a des intérêts vitaux. Plus que jamais, l’Egypte et le Soudan ont besoin d’un partenariat privilégié pour préserver leurs intérêts .
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