Cela a tout l’air d’une nouvelle manoeuvre politique. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, vient d’annoncer qu’il est favorable à un nouveau projet de Constitution qui, selon ses proches, « élargirait les libertés » en Turquie. Le chef de l’Etat turc a visiblement les yeux rivés sur les prochaines élections législatives et présidentielle, prévues en 2023.
Il veut d’abord couper l’herbe sous les pieds de l’opposition. Plusieurs partis turcs, dont le Parti républicain du peuple (CHP) et le Parti démocrate, planchent actuellement sur un projet de réforme afin de remplacer le régime présidentiel actuel par un régime parlementaire. Or, en proposant lui-même un projet de Constitution, Erdogan veut prendre de court l’opposition.
Mais l’annonce d’un nouveau projet de Constitution sert un autre objectif aux yeux de M. Erdogan. Il s’agit de détourner l’attention de l’opinion publique loin des problèmes actuels de la Turquie : mauvaise situation économique, pandémie du Covid-19, sanctions américaines, etc. Il est clair que la popularité de M. Erdogan est sur le déclin et que ses chances de remporter les prochaines élections ne cessent de diminuer.
La proposition d’un nouveau projet de Constitution vise alors à sauver l’avenir électoral du président turc en remplaçant certaines clauses relatives aux élections par d’autres plus favorables à l’AKP, le parti de M. Erdogan, au pouvoir en Turquie.
Lors des précédentes élections législatives en 2018, l’AKP n’avait pas été en mesure de remporter la majorité absolue des sièges, fait qui lui aurait permis de gouverner seul, ce qui l’a obligé à s’allier avec le parti d’extrême droite MHP de Mevlet Bahçeli, un ancien rival du président turc. En 2019, l’AKP avait subi une débâcle électorale aux élections municipales en perdant notamment la municipalité d’Istanbul qu’il détenait depuis 25 ans.
Erdogan n’en est pas à sa première manoeuvre. En 2017, il avait déjà modifié la Constitution de 1982, faisant passer la Turquie d’un régime parlementaire en régime présidentiel avec l’objectif d’élargir ses pouvoirs et de renforcer sa mainmise sur la vie politique en Turquie. Réussira-t-il cette fois-ci encore ? Rien n’est moins sûr.
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