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Le monde du « Trumptisme »

Mercredi, 16 septembre 2020

« C’est une historiette contée par un abruti, à haute voix et des mots creux, remplis de bruit et de violence, sans teneur, et par consé­quent, ces mots n’ont aucun sens ». C’est par ces mots que Macbeth, le héros de la pièce de Shakespeare portant le même nom, a mis fin à la pièce. Cette citation a été utilisée par un des spécialistes dans les affaires américaines pour entamer son étude visant à analyser le phéno­mène du Trumptisme. Le chercheur dit que « le génie de la dramaturgie, qui a des capacités exceptionnelles de prédiction, a prédit l’exis­tence de Donald Trump ou de l’état qu’a imposé sa performance politique en tant que président. Un état de stupidité acharnée qui crée une his­toire pour laquelle nous cherchons en vain un sens ». Effectivement, de nombreuses études et analyses se sont dernièrement intéressées aux dimensions et détails du Trumptisme.

Dans ce contexte, le périodique Foreign Affairs, dans son numéro de septembre et octobre 2020, a consacré son dossier principal à l’idée de dessiner l’image du « monde confec­tionné par Trump » durant la période de sa pré­sidence. Le dossier a inclus 4 parties dont les titres sont : Le déséquilibre actuel : Comment Trump n’a pas pu fabriquer la politique améri­caine étrangère ? ; La fin de l’illusion améri­caine : Trump et le monde qui est resté comme tel ; Le renouvellement démocratique : Quelles sont les exigences de la réforme de la politique américaine ? ; La dénégation de l’importance de l’histoire et de ses leçons.

Avant tout, toutes ces collaborations, malgré la différence des appartenances de leurs auteurs, sont d’accord sur le fait que l’ère de Trump n’a rien réalisé et n’a rien apporté aux Etats-Unis ni au niveau intérieur ni extérieur. Au contraire, le Trumptisme a gâché une grande part de ce qui était effectivement réalisé. Nous avons choisi ici d’expliciter la première partie dont l’auteur est Richard Haass, le Républicain engagé qui espé­rait que les réalisations de l’Administration républicaine sous la présidence de Trump seraient nombreuses.

Pendant la première année de la présidence de Trump, Richard Haass avait collaboré au pou­voir en présentant sa vision de la politique étran­gère américaine dans un livre intitulé « Un Régime qui se démantèle » publié en 2017. Haass avait occupé le poste de premier conseiller de Bush-père et occupe actuellement le poste de président du Conseil des relations étrangères.

Dans sa collaboration importante publiée dans le Foreign Affairs, Haass cite que Trump a hérité d’un régime qui n’est pas exemplaire, mais qui est riche. Cependant, il a oeuvré à le rendre inutile sans pour autant qu’il y ait un substitut à un régime qui était fortement ancré. Cette situation a poussé Haass a déclaré que « les Etats-Unis et le monde entier sont dans une mauvaise situation ».

Trump a poussé son Administration puis son parti à exécuter sa propre vision de la politique nationale. Cette politique se base sur 3 assises principales. La première consiste à tenter de réaliser des avantages personnels qui n’ont aucune importance stratégique, la deuxième est l’obsession de l’argent, la troisième est le désin­térêt total envers ce qu’on appelle les principes de l’intérêt suprême national américain. Ces principes dépassent les deux grands partis et dépassent aussi la personne qui occupe le bureau présidentiel. Puis, Haass a clôturé sa contribution par des propos très importants sui­vis d’une interrogation autant importante. Haass affirme que le « rival de Trump a promis de se débarrasser définitivement de la méthode selon laquelle Trump a géré la politique américaine » au cas où il remporterait les élections. Et ce, en redonnant à la solidarité internationale sa vita­lité d’un côté, et de l’autre, en ressuscitant la direction américaine du monde.

C’est là que Haass se pose la question sui­vante : est-ce que ceci peut être réalisé à la lumière de la détérioration des conditions à l’in­térieur et aussi des relations entre les Etats-Unis et de nombreux Etats du monde ?

Aujourd’hui, la majorité des Etats du monde regardent les Etats-Unis avec un sentiment d’in­sécurité et de déploration plutôt que celui d’ad­miration et de respect. La situation serait très mauvaise si Trump était élu pour un deuxième mandat. A ce propos, Haass dit : « La politique étrangère américaine sera détruite pendant ce mandat ». Selon Haass, le terme « destruction » est le plus approprié à la description précise de ce qui va se passer au niveau de la politique étrangère.

Le point le plus important dans la contribution de Haass est que « la politique étrangère de Trump constitue un désengagement des prin­cipes de la politique étrangère américaine. Cette politique, tout au long de son histoire, basculait entre l’idéalisme d’un côté et le réa­lisme de l’autre, un réalisme qui assure la stabi­lité internationale et la réalisation d’un équi­libre international des forces ». Haass a fait une comparaison entre la performance politique de Trump et ses 4 prédécesseurs (2 républicains et 2 démocrates) que Haass nomme les présidents de l’après-Guerre froide. Cependant, Trump n’a suivi aucun de ces principes au point que le terme de Trumptisme n’a ni signification ni influence pour le monde et sur le monde.

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