« S’il vous plaît, ne pensons plus à un retour à notre vie normale ». Cette phrase est l’appel lancé par une élite de savants et d’intellectuels à l’ensemble de l’humanité. L’appel a pris la forme d’un court message signé par 200 personnalités et publié dans le journal français Le Monde. Cet appel est ferme, clair, simple et rempli d’idées. Avant d’exposer le contenu du message, il est important de savoir son importance, d’abord, de par le poids et le statut des 200 personnalités qui l’ont signé. En effet, elles ont toutes présenté à l’humanité des réalisations importantes dans les domaines de la science, des lettres, de la pensée et de l’art. Parmi les signataires figure un nombre considérable de lauréats du prix Nobel, en plus d’acteurs, de musiciens, d’académiciens, d’écrivains, de réalisateurs, de photographes, d’économistes, etc. Ensuite, le message redonne de la valeur au principe des relations humaines basées sur les valeurs et la citoyenneté, et qui dépassent les géographies, les cultures et les idéologies. Enfin, le message concrétise un haut degré de conscience envers le souci commun que l’humanité ressent.
En ce qui concerne le contenu, le message n’a eu recours ni aux longues préfaces ni aux analyses exagérées. L’appel est concis et direct, il exprime l’état de tous les citoyens, qu’ils vivent dans le Nord riche ou dans le Sud pauvre ou entre les deux. Les signataires ont directement entamé leur message par cette phrase: « La pandémie du Covid-19 est une tragédie ». « Cette crise nous pousse à remettre en cause nos priorités ». « Ce que nous pensons être facile ou simple, c’est-à-dire faire face à la pandémie en ayant recours à des réformes ou en prenant des décisions n’est pas suffisant, car la problématique est structurelle », peut-on lire. Et avec fermeté, le message mentionne que « la planète souffrait d’une catastrophe écologique continue ».
Les signataires du message décrivent le désastre de « méta-crise » et par conséquent, « la disparition de la vie sur la planète n’est plus une supposition ou un doute », puisque « tous les indices prouvent que nous faisons face à une menace directe de l’existence ». « En plus des troubles causés par la pandémie, l’humanité va souffrir encore plus à cause des répercussions de l’effondrement écologique planétaire qui vont dépasser notre imagination ». Donc, « en tant que citoyens, nous appelons les dirigeants à réagir sérieusement face à la volonté des citoyens de renoncer à la logique répandue basée sur la non-durabilité, et à entreprendre des réformes profondes qui comprendraient nos valeurs, nos objectifs et nos économies ».
Par des termes intenses et touchants, le message attire le regard sur le fait que « la surconsommation et la domination productive capitaliste nous ont poussés à nier la valeur même de la vie », en plus « de la pollution, du changement climatique, de la destruction des superficies vertes naturelles restantes qui vont pousser le monde vers un point crucial » ou autrement dit le bout du précipice. Le message cite qu’en plus du « besoin pressant de renouveler les politiques concernant l’égalité sociale, les signataires pensent qu’il est impossible de revenir en arrière en ce qui concerne la vie normale. Chose qui ne peut se réaliser sans des changements radicaux qui nécessitent un certain degré d’audace et de courage à tous les niveaux. Ce qui nécessite un engagement large et déterminé ». Les signataires achèvent leur message en incitant à oeuvrer à produire des changements radicaux car il est question « de rester en vie ».
Ce message lancé par les innovateurs du monde est une sorte de pamphlet, un genre de texte déjà vu tout au long de l’Histoire face aux pandémies et aux catastrophes économiques, politiques, écologiques, naturelles, sociales et culturelles. A l’exemple les textes qui ont condamné les guerres, les génocides, l’emploi des armes nucléaires, biologiques et chimiques, etc. Et aussi comme les rapports promulgués par des comités universels autour de notre avenir commun ou l’importance du développement durable ou autres. Ce genre de textes est classé sous forme d’écrits consciencieux lancés par des gens qui ressentent de la responsabilité envers leurs concitoyens, d’un côté, et envers l’Histoire, de l’autre.
D’une part, la légitimité de l’innovateur émane du fait qu’il se libère de la domination des réseaux d’intérêts et de ses relations avec les opportunistes, en plus d’être conscient que ce sont les citoyens qui octroient la légitimité aux créateurs. C’est pour cela qu’ils doivent être les premiers à donner le signal d’alerte. L’insistance des signataires à se décrire par le terme « citoyens » reflète combien ils assimilent le danger de l’instant actuel. D'autre part, pour ce qui est de la responsabilité envers l’Histoire, toute négligence de la part des créateurs signifierait une trahison de la légitimité de la citoyenneté et du droit des citoyens qui ont soutenu leur créativité artistique, scientifique, littéraire et intellectuelle. Les innovateurs sont exposés à des jugements historiques sévères, surtout que la situation actuelle dans le monde est inquiétante. Il est donc inéluctable d’oeuvrer au profit des habitants de la planète. Les partis politiques, les compagnies, les lieux de culte et les laboratoires doivent oeuvrer à réaliser une vie humaine décente, honorable, juste et durable. Ceci ne peut être réalisé sans la reconstruction d’un nouveau monde différent de celui auquel nous sommes habitués depuis longtemps et que avons considéré comme étant éternel et exemplaire pour en arriver en fin de compte à la situation actuelle.
Bref, le message parle du monde que nous connaissons et auquel on est habitué, mais qu’il faut transformer en un monde bâti par les humains, tous les humains, sans exception ou discrimination .
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