Dimanche, 01 décembre 2024
Opinion > Opinion >

Une lueur d’espoir au bout du tunnel

Mardi, 07 avril 2020

Des lueurs d’espoir commencent à appa­raître dans l’obscurité du tunnel de la pandé­mie de coronavirus, qui continue de ravager le monde. Elles peu­vent transformer cette épreuve dif­ficile en une occasion propice pour surmonter de nombreuses crises. Qui aurait imaginé que la Chine envoie des aides médicales aux Etats-Unis? Qui aurait ima­giné que le président américain appelle son homologue chinois pour discuter de la lutte contre le coronavirus, exactement comme il a fait avec son homologue russe pour étudier les moyens de stopper la guerre des prix du pétrole? Les cours du pétrole ont, en effet, chuté, passant de 60 dollars le baril à 20 dollars, menaçant les équilibres économiques mondiaux et accentuant les problèmes en Russie et en Arabie saoudite. Cette baisse des cours peut mener à la fermeture des compagnies de pétrole de schiste aux Etats-Unis, étant donné que les coûts de pro­duction sont supérieurs aux prix actuels à cause de la baisse de la demande consécutive à l’expan­sion du Covid-19. L’effondrement des prix nuit à toutes les parties. Les pays producteurs perdent beaucoup d’argent à cause de l’augmentation de la production, alors que de nombreux pays ont grand besoin que les prix ne bais­sent pas comme l’Iraq, l’Algérie, le Venezuela, le Nigeria et d’autres pays pauvres qui comptent en grande partie sur les rendements pétroliers.

Une lueur d’espoir  au bout du tunnel

Qui aurait imaginé que le cheikh Mohamad bin Zayed appelle le président syrien Bachar Al-Assad pour lui dire que la Syrie ne sera pas seule face à l’épidémie du coronavirus? Qui aurait imaginé que des avions militaires saou­diens larguent des masques et des produits médicaux au-dessus des terres sous contrôle houthi au Yémen, malgré la poursuite des affrontements entre les forces yéménites, soutenues par l’Arabie saoudite, et les milices houthies qui cherchent à ouvrir de nou­veaux fronts malgré l’expansion du coronavirus? Qui aurait ima­giné que l’Iran s’adresse à l’am­bassade suisse à Téhéran, en charge des intérêts américains, et propose aux Etats-Unis des appa­reils de détection rapide du coro­navirus en dépit de la longue hos­tilité entre l’Iran et les Etats-Unis ? Une démarche à laquelle les Etats-Unis ont répliqué en annonçant leur intention de libérer des fonds iraniens pour acheter des équipe­ments médicaux et présenter des aides supplémentaires. Par ailleurs, le secrétaire d’Etat améri­cain a proposé une issue pacifique à la crise avec le Venezuela loin des tensions militaires entre les deux pays.

Ces lueurs d’espoir intervien­nent alors que le coronavirus menace le monde. Aucun pays n’a été épargné. Malheureusement, il ne cause pas seulement des pertes humaines. A la fin de la crise, la facture économique sera énorme et accentuera les fardeaux qui pèsent tant sur les pays riches que sur les pays pauvres. La crise augmentera le volume des dettes et provoquera un net recul des taux de croissance économiques. Si les pays du monde ne se soutiennent pas pour sortir de cette crise, et s’ils n’orientent pas leurs ressources vers le développement, ils se retrouveront face à un grand dan­ger économique et politique. Il incombe donc à tous les pays du monde de mettre un terme aux conflits internationaux et de trou­ver des solutions aux problèmes qui entraînent le monde dans une course à l’armement et dans une guerre froide. Le monde ne peut pas assumer à la fois la crise du coronavirus et la persistance des conflits. La voix de la raison doit donc prendre le dessus pour sau­ver la planète.

Les pays arabes doivent revoir leurs politiques, résoudre leurs problèmes loin des conflits inter­nationaux, réactiver la Ligue arabe et créer une commission pour le règlement des différends intera­rabes, que ce soit dans le cadre de la Ligue arabe ou à travers un comité des sages dont l’Egypte pourrait être le pilier. En effet, l’Egypte a été le premier pays à appeler à la réconciliation arabe. De plus, elle ne s’est jamais impli­quée dans ces différends et a tou­jours oeuvré en vue d’y trouver des solutions pacifiques.

Nous avons une occasion à ne pas rater. Les Etats-Unis seront préoccupés par leurs problèmes internes, par les pertes dues au coronavirus ainsi que par la mon­tée rapide de la Chine. Nous pou­vons saisir l’occasion pour rétablir la solidarité arabe et sortir des polarisations internationales ou du moins les alléger. Le monde après le coronavirus ne tournera plus dans l’orbite des Etats-Unis, bien que les Américains continuent à jouer un rôle essentiel. Le monde sera plus diversifié. L’opinion publique internationale veut faire cesser les conflits et consolider la solidarité internationale pour affronter les épidémies, protéger l’environnement et limiter les dan­gers des changements climatiques. Les peuples du monde seront plus que jamais désireux d’instaurer la paix et la prospérité et de résoudre pacifiquement les conflits sur des bases plus justes.

Nous devons saisir l’occasion en évitant de devenir un terrain de conflits, et en devenant un lieu de rencontre des intérêts internationaux et régionaux. Notre emplacement sur la carte du monde et notre histoire confirment que nous avons toujours été la clé de la solution ou bien alors le foyer des conflits. Soyons donc la clé de la solution et le lieu de ren­contre des forces régionales et inter­nationales étant donné que nous entretenons des relations privilégiées avec les grandes puissances de ce monde, à savoir les Etats-Unis, la Chine, l’Europe et la Russie. Si les Arabes réussissent à s’unir, ils pour­ront devenir la cinquième force mondiale.

Quant aux tentatives de sortir de l’épreuve du coronavirus via l’hé­gémonie, les guerres et le pouvoir, il s’agit là d’une voie tortueuse et dangereuse, mais tout à fait pro­bable. Nous devons tous nous dresser pour éviter cette voie épi­neuse. Avant tout, nous devons consolider la solidarité sociale. Chacun de nous doit savoir qu’il a un rôle à jouer pour sauver l’Egypte en se protégeant lui-même et en protégeant ses proches. Nous devons chercher des méca­nismes pour garantir la poursuite de la production tout en adoptant des mesures de prévention. Dans ces circonstances, les hommes d’affaires doivent jouer le rôle que nous attendons d’eux, en plaçant les dimensions humaines et sociales au-dessus de la volonté de réaliser des gains. L’Egypte jouera alors un rôle axial dans le rappro­chement arabe, qui sera le point de départ du redressement de la région, et la préparation à une étape nouvelle avec un équilibre des forces différent où nous serons un élément influent sur les deux scènes régionale et internationale.

Le monde est actuellement dans une phase de mutation profonde avec laquelle nous devons navi­guer en déterminant clairement nos objectifs et en saisissant les occa­sions qui se présentent. Si le front de l’Est sous le leadership de la Chine, la Russie, l’Inde, la Corée du Sud et d’autres économies nais­santes se renforce, nous nous trou­verons à la croisée des chemins entre l’Est et l’Ouest. Nous pouvons profiter de cette diversité. Si le coro­navirus laissera assuré­ment des plaies, il nous aura ouvert aussi de nou­velles portes pour sur­monter nos crises. Les chocs mondiaux consti­tuent parfois une occa­sion pour revoir les voies sur lesquelles il n’est pas sage de continuer à avan­cer. La mondialisation est une réalité que nous ne pouvons pas stopper. Cependant, nous pou­vons réduire ses effets néfastes en consolidant le rôle social de l’Etat ainsi que l’esprit de collectivi­té. Se refermer sur soi n’est plus de mise. Et voilà que le coronavirus nous rappelle que nous vivons tous sur une même planète et que ce qui se passe dans un pays touche le reste du monde. J’espère que nous apprendrons bien la leçon du coronavirus et que nous commencerons à construire un nouvel ordre mondial

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique