Le commandement égyptien s’est engagé sur la voie des négociations pour garantir les droits de l’Egypte dans les eaux du Nil durant la période de remplissage du barrage éthiopien de la Renaissance. L’Egypte, qui veut le bien de l’Ethiopie, est convaincue que la meilleure coopération est celle basée sur les intérêts réciproques. Ces intérêts ne doivent pas servir une partie aux dépens de l’autre. La diplomatie égyptienne a toujours adopté cette approche avec les pays voisins et amis. L’Egypte a fait preuve de patience face aux soubresauts de la politique éthiopienne, et a travaillé avec ouverture d’esprit afin d’éviter toute tension dans ses relations avec l’Ethiopie, avec qui elle entretient des liens historiques solides. Mais la partie éthiopienne n’a pas fait preuve de la même flexibilité. Après des négociations marathon sur le calendrier de remplissage du barrage, sous le parrainage des Etats-Unis et avec la participation du Fonds Monétaire International (FMI), et en présence de l’Egypte, du Soudan et de l’Ethiopie, la partie éthiopienne ne s’est pas présentée à la signature de l’accord. Une attitude fort étonnante et étrangère aux traditions et aux protocoles diplomatiques. L’Ethiopie a approuvé l’accord et une date a été fixée pour sa signature sous le parrainage des Etats-Unis. Comment donc expliquer l’absence de la délégation éthiopienne ?
Cette absence ne peut être expliquée que dans le contexte des surenchères sur la question du barrage entre les parties internes engagées dans la course aux législatives. Ceci était clair dans les propos du ministre éthiopien des Affaires étrangères, Gedu Andargachew, très loin de l’éthique diplomatique et du droit international. Andargachew a littéralement dit : « La terre est la nôtre, ainsi que l’eau et le barrage ». Ces propos relèvent de la propagande politique et n’auraient en aucun cas dû être prononcés par un responsable éthiopien en charge du portefeuille des affaires étrangères. Ils ont eu un effet néfaste sur le climat positif des négociations, d’autant qu’ils émanent d’une personnalité qui connaît le droit international ainsi que les données historiques et géographiques et qui est consciente de l’importance du Nil pour l’Egypte.
Le ministre éthiopien, ou quiconque d’autre, aurait tort d’interpréter comme une faiblesse ou un recul la patience de l’Egypte ainsi que son ouverture d’esprit et sa persistance dans les négociations pour trouver des solutions qui ne remettent pas en cause les intérêts du peuple éthiopien. Celui qui est en position de force est celui qui ne cède jamais à sa colère et qui ne se livre pas à des propos malveillants. L’Egypte sait qu’elle obtiendra ses droits dans les eaux du Nil, et que jamais elle ne les abandonnera. Prendre en compte les intérêts éthiopiens ne signifie pas négliger les droits historiques et juridiques inaliénables de l’Egypte.
Le commandement égyptien s’est toujours caractérisé par sa sagesse, ne cédant jamais à la colère et ne lançant jamais de menaces à tout bout de champ. Il a de tout temps agi en vue de promouvoir le développement durable sur le continent africain. L’Egypte a toujours soutenu la libération de ses frères africains et continue à parier sur des relations plus solides avec l’Afrique pour faire du continent une force économique de poids, et consolider les réseaux routiers, électriques et ferroviaires entre l’Egypte et l’Afrique. Des projets gigantesques sont en préparation dans des domaines comme l’infrastructure, la production, la technologie et le commerce. L’Egypte s’attendait à ce qu’un pays aussi grand que l’Ethiopie soit devenu un partenaire et un bénéficiaire de cet essor africain inclusif et global, loin des perspectives étroites du remplissage du barrage. Addis-Abeba est aujourd’hui appelée à mettre la question du barrage à l’abri des surenchères électorales et à ne pas s’en servir pour mobiliser la population contre l’Egypte, comme si Le Caire était opposé au développement de l’Ethiopie ou opposé au fait qu’elle produise de l’électricité. Tout cela n’est pas vrai. L’Egypte souhaite tout le bien à l’Ethiopie. Et le leadership égyptien a tendu la main à Addis-Abeba pour l’aider à profiter de ses ressources. Cela a toujours été l’esprit de la diplomatie égyptienne. Celle-ci aurait pu entraver la construction du barrage en ayant recours au Conseil de sécurité, aux tribunaux internationaux ou à d’autres moyens. Mais l’Egypte a toujours considéré que la solution amicale est dans l’intérêt de toutes les parties. Si la partie éthiopienne dévie de la voie dans laquelle elle s’est engagée au départ, qui a mené à l’accord avec l’Egypte et le Soudan sous parrainage américain, Le Caire aura certes recours à d’autres moyens. Si Addis-Abeba persiste dans son entêtement et continue à faire peu de cas des intérêts égyptiens et des droits de son peuple dans les eaux du Nil, toutes les données vont changer et d’autres scénarios seront mis sur la table. D’ailleurs, tous les scénarios ont fait l’objet de discussion ainsi que la manière d’agir propice à chaque scénario.
L’Egypte espère toujours que la voix de la sagesse et de la raison l’emportera à la fin. Elle croit profondément que sa bonne volonté recevra la considération du commandement à Addis-Abeba. L’absence de la délégation éthiopienne à la signature de l’accord était un préjudice pour toutes les parties impliquées. L’Ethiopie est appelée à hâter la réconciliation et à remédier à l’erreur qu’elle a commise en montrant sa bonne volonté par les actes, et pas seulement par les mots. Elle doit renoncer à la voie malveillante qu’elle a empruntée, une voie qui ne mènera ni au développement, ni au progrès, ni à la paix pour les peuples de la région. Addis-Abeba ne doit pas parier sur le facteur du temps qui ne lui sera d’aucun profit et qui n’engendrera que les guerres et la destruction que nous devons tous éviter. Les relations doivent être établies sur les intérêts réciproques, la coopération et le développement. Et cela ne peut se réaliser sans un respect mutuel et la considération pour les droits des autres.
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