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Les leçons du conflit arabo-israélien

Lundi, 02 mars 2020

A la lumière du plan américain pour la paix au Proche-Orient, de nombreuses leçons peuvent être retirées du conflit arabo-israélien. Un conflit qui dure depuis plus de 120 ans, depuis que Hertzel a commencé à penser à créer l’Etat hébreu. La tentative amé­ricaine de régler le conflit n’est pas la pre­mière en son genre, et même au niveau amé­ricain, il n’y a pas un président américain depuis la Seconde Guerre mondiale qui n’a pas rêvé d’être l’homme qui réussira à instau­rer la paix sur la terre du Christ. Truman avait pensé qu’il allait réussir à travers « la résolu­tion de division » promulguée par l’Onu en 1947, puis Eisenhower à travers la répartition de l’eau des fleuves du Levant en 1954, et Kennedy a tenté de le faire à travers le dia­logue avec Nasser en 1962. Et si Johnson était préoccupé par la guerre du Vietnam, il a rac­courci le chemin en présentant un soutien à Israël. Quant à Nixon, il a commencé avec l’initiative de Rogers en 1970 et en a fini avec les 2 accords de séparation des forces entre Israël, l’Egypte et la Syrie en 1974. Carter a commencé par l’annonce des accords de Camp David et a terminé avec l’accord égyp­to-israélien de paix. Quant au président Reagan, il avait lancé une initiative portant son nom en 1983, et Georges Bush avait tenu la conférence de Madrid en 1991. Clinton, quant à lui, avait lancé la conférence de Camp David en 2000. Et Bush fils avait adopté une initiative à la base maritime Indianapolis en 2008. Obama a tenté la médiation, mais il a échoué à cause des colonies. Et enfin, Trump a commencé par imposer le fait accompli à Jérusalem et avec les réfugiés, et ce, à travers « un accord » comprenant des promesses éco­nomiques et il en a fini avec « l’accord du siècle ».

Ce long parcours de tentatives américaines s’est entremêlé avec les relations américano-israéliennes très spéciales, avec les relations arabo-américaines liées au pétrole, et aussi avec les complexités de la guerre froide puis l’unipolarité américaine.

La première leçon à tirer du long parcours du conflit est qu’imposer le fait accompli est plus fort que les prétextes juridiques et éthiques. Ceci aide à comprendre comment les élites politiques juives et palestiniennes sont différentes dans leur façon de faire avec un conflit historique. La différence n’est pas uniquement le fait que les juifs ont réussi à coloniser et à s’installer sur une terre qui ne leur appartenait pas, et sur laquelle vivaient déjà les Palestiniens, mais surtout dans leur capacité à fonder des institutions politiques, économiques et sociales.

Les Israéliens ont rencontré de nombreux obstacles sur la voie de la réalisation du projet sioniste, y compris l’émergence du nazisme et des mouvements fascistes en Europe, et qui était extrêmement antisémite. En outre, ils n’étaient pas favorablement accueillis en tant que réfugiés ou résidents dans de nombreux pays du monde, y compris les Etats-Unis.

A l’opposé, les Palestiniens avaient des liens arabes basés sur de profondes relations culturelles et civilisationnelles. Ils vivaient dans leur pays et sur leur terre, et n’ont pas fait grand-chose pour construire le noyau de l’Etat palestinien.

A vrai dire, il y a eu des tentatives, mais il y a une grande différence dans le volume des efforts, que ce soit à cause de l’occupation britannique de la Palestine ou l’arriération profonde qui existait chez les Arabes et les Palestiniens, ou bien la domination coloniale sur le voisinage arabe, et bien d’autres facteurs. Résultat: au moment de la décision de la division, les Israéliens étaient prêts à gérer l’Etat et à lutter pour lui. Que ce soit à travers la construction d’universités, d’armées et d’une force militaire moderne. Et les Palestiniens, eux, comptaient sur les Etats arabes qui ont également souffert de l’occupation coloniale et d’un nombre de problèmes relatifs au développement.

La deuxième leçon est que la force militaire, quelle que soit sa puissance, a des limites, et ne peut à elle seule réaliser les objectifs des parties du conflit arabo-israélien. Les Arabes ont échoué en 1948 et 1967, et les Israéliens ont échoué en 1956 et 1973. En plus, les Israéliens ont échoué à opprimer les 2 Intifadas (soulèvements) palestiniennes par la force, et qui s’étaient calmées grâce aux efforts politiques et diplomatiques. Il a été prouvé que parfois, les victoires militaires engendrent des résultats contraires. En 1982, Israël a réalisé une de ses plus grandes victoires en envahissant le Liban et en occupant une capitale arabe, Beyrouth. Or, cette guerre a donné naissance à la plus féroce menace contre Israël, le Hezbollah qui a attiré le pouvoir iranien pour arriver jusqu’à la Méditerranée, menaçant des frontières arabes, et aussi les frontières d’Israël. Et malgré ses victoires militaires, Israël n’a pas réussi à expulser le peuple palestinien hors de la Palestine.

Aujourd’hui, plus de 12 millions d’habitants vivent dans la région située entre le Jourdain et la Méditerrané. La moitié est formée de juifs israéliens et l’autre moitié de Palestiniens. Ils s’affrontent partout à l’intérieur de la Palestine et parfois à l’intérieur d’une superficie étroite comme les lieux saints.

Malgré les victoires continues d’Israël de 1948 à 1967 et la suprématie militaire dont l’Etat hébreu jouit par rapport au côté arabe, l’Etat hébreu souffre de l’absence de la légitimité, non seulement dans le monde arabe, mais aussi le monde islamique et bien d’autres Etats.

Avec un conflit à plusieurs niveaux (au niveau de l’Etat, les conflits de libération nationale, la rébellion populaire, le terrorisme révolutionnaire, la guerre traditionnelle et la guerre des gangs), aucune des parties n’a réussi à réaliser une victoire tranchante contre l’autre.

La troisième leçon est que le conflit arabo-israélien a une force motrice et essentielle qui lui a permis de persister avec le changement du monde entier. Le conflit a commencé durant la Première Guerre mondiale, s’est prolongé avec la Seconde Guerre mondiale et a persisté pendant la guerre froide avec ses remous et l’effondrement de l’Union soviétique et ses répercussions, puis les troubles qui ont suivi l’attaque contre le Word Trade Center à New York. Tout au long du parcours, les dirigeants et les combattants devaient s’adapter avec les réalités en changement continu et tenter de profiter des nouvelles évolutions.

L’absurdité de la force militaire et la continuité du conflit nous indiquent la 4e leçon : les mutations principales du conflit n’ont eu lieu que quand il y a eu un dialogue direct entre les Arabes et les juifs, et entre les Etats arabes et Israël. A titre d’exemple les accords de Camp David.

La 5e et dernière leçon est que le prolongement du conflit arabo-israélien a diminué la capacité des Etats arabes à affronter les défis relatifs au développement, et aussi l’affrontement des dangers stratégiques à l’intérieur et à l’extérieur de la région.

Avec le début de la seconde décennie du XXIe siècle, l’expérience acquise du conflit arabo-israélien prouve à quel point les contradictions arabo-israéliennes peuvent donner naissance à des défis importants chez les 2 côtés, et qui ont pris pendant la décennie précédente différentes formes de désordre et de terrorisme .

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