La bataille actuelle du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, est catégoriquement différente des batailles précédentes et dont il est sorti vainqueur au cours des 10 dernières années. Ce sont ces victoires qui lui ont permis de rester à la tête du pouvoir en Israël pendant plus de 10 années consécutives, en plus de 2 ans dans les années 1990. La bataille actuelle n’est pas uniquement politique. C’est sa première bataille avec l’opinion publique israélienne et surtout l’opinion publique à l’intérieur du Likoud. Le destin du Likoud et celui de la droite sont restés longtemps dépendants de celui de Netanyahu, mais il semble qu’aujourd’hui la relation est entrée dans un tournant critique. Le Likoud et la droite pensent à un moyen d’échapper au destin probable de Netanyahu après avoir été accusé par le procureur général d’Israël de corruption, de fraude et d’abus de confiance. La relation entre Netanyahu d’un côté et le Likoud et la droite de l’autre semble plutôt ressembler à un conflit. Qui deviendra le bouc émissaire de l’autre ? L’opinion publique israélienne, auparavant prisonnière de l’idée que Netanyahu est irremplaçable, paraît aujourd’hui confuse et n’est plus enthousiasmée envers la possibilité que Netanyahu reste à la tête du gouvernement après avoir été accusé de corruption.
Juste avant que le procureur général n’adresse ses accusations au premier ministre, un sondage réalisé par l’Institut d’Israël pour la démocratie fin octobre 2019 avait dévoilé que l’opinion publique pense que Netanyahu doit renoncer à son poste de président du Likoud. 65 % pensent qu’il doit renoncer si des accusations sont portées contre lui, et 24 % s’opposent à cette idée. En même temps, 85 % de ceux qui avaient voté pour le Likoud ont annoncé qu’ils allaient répéter leur vote. Et après les accusations adressées par le procureur général au premier ministre, la télévision israélienne a réalisé un sondage selon lequel 56 % des Israéliens pensent que Netanyahu doit démissionner contre 35 %, tandis que 9 % ne se sont pas prononcés. C’est à cause de ces résultats que le Likoud a songé à tenir des élections primaires pour la présidence du parti. Il n’est pas certain que la majorité (85 %) des Israéliens qui, selon les sondages, tiennent encore à voter pour le Likoud, le feront si Netanyahu reste à la tête du parti. Malgré l’évolution de la vie politique israélienne, les partis restent encore étroitement liés aux personnalités et aux leaders. L’expérience des nouveaux partis, comme le parti Bleu et Blanc qui a rapidement acquis une grande popularité, est une preuve de l’influence des leaders sur l’opinion publique. Netanyahu lui-même avait déclaré que le Likoud n’était pas un simple parti mais « une famille unie autour de ma direction, et aucun likoudien fidèle ne peut accepter que le parti soit guidé vers une dissidence, une fissure ou même une petite griffure ».
Plus tard, il a déclaré qu’il tenait à rester au pouvoir parce que c’est une nécessité car il pense qu’il est le seul capable de traiter de façon positive avec le président américain actuel. Netanyahu a tenté dernièrement de faire face à la campagne déclenchée contre lui, en particulier par certains cadres à l’intérieur du Likoud qui le considèrent comme un fardeau, et non plus un trésor comme auparavant.
Pourtant, un sondage récent annonce que si les élections sont tenues aujourd’hui, la droite dirigée par Netanyahu ne perdra qu’un seul siège, en comparaison avec les élections précédentes, et ce siège sera soustrait à la part du Likoud, qui passerait de 33 à 32 sièges à la Knesset. Il est donc clair que la crise causée par l’inexistence d’un remplaçant à Netanyahu à la tête du gouvernement influence fortement les choix de l’opinion publique israélienne, et en particulier la droite.
Toutes ces données prouvent qu’Israël se dirige vers une troisième élection, probablement début mars 2020. Ce qui signifie que Netanyahu gardera son poste jusqu’à cette date, et tentera d’améliorer sa situation quant aux accusations qui lui sont adressées. Sur la scène israélienne, on entend parler d’un accord qui pourrait être conclu concernant la sortie du premier ministre de la scène politique, sinon Israël restera dépendant de la position de Netanyahu et incapable de former un gouvernement pour la troisième fois. Dans ce cas, la tenue d’une 4e élection n’est pas impossible.
La bataille actuelle de Netanyahu est probablement la dernière. Et la paralysie de la vie politique oblige les Israéliens à réfléchir. La solution est peut-être le retour au système de vote direct pour le poste de premier ministre, annulé en 2001.
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