L’ingérence de la Turquie dans les affaires intérieures de l’Egypte est flagrante. Le rêve d’Erdogan de mettre en place un gouvernement islamiste sur la rive Sud de la Méditerranée, présentant un soutien au régime islamiste de la rive Nord, s’est dissipé. Le premier ministre turc a été pris de choc, après la dégringolade du régime des Frères musulmans en Egypte, un an après son accession au pouvoir. Mais la perte d’un régime allié ne justifie pas cette position hostile du gouvernement turc vis-à-vis de la révolte égyptienne du 30 juin.
La Turquie a organisé à Istanbul une conférence réunissant certaines organisations islamistes, entre autres le Conseil consultatif des oulémas d’Egypte. Au cours de cette conférence, les participants ont dénoncé ce qu’ils ont appelé le « coup d’Etat militaire ayant renversé la légitimité en Egypte ». Ils ont même recommandé de fournir un soutien à Morsi pour l’aider à retrouver son poste de chef de l’Etat. Le communiqué final de la conférence, préparé par l’organisation internationale des Frères, disait que « le mandat de Morsi est légitime », et que « les Egyptiens doivent lui manifester une obéissance totale ». Le communiqué ajoute que « la doctrine d’Ahl Al-Sunna Wal Jamaa certifie que les musulmans ne sont pas autorisés à désobéir à leur chef musulman, encore moins par le biais d’un coup d’Etat, sauf si celui-ci fait preuve de mécréance flagrante ». Le communiqué ajoute qu’il incombe à l’armée de faire revenir les choses à la normale et de savoir que le coup d’Etat aura des répercussions destructives et périlleuses.
Les participants sont allés encore plus loin dans leur ingérence et ont adressé un mot aux pays arabes qui se sont alignés sur le peuple égyptien en disant : « Ô gouverneurs arabes, l’islam qui est votre religion et votre foi vous dicte de défendre Morsi et de l’aider à reprendre le dessus. Il y a toujours une chance pour intervenir et faire revenir le président à son poste ». Est-ce raisonnable ? La tenue de cette conférence qui a menacé l’Egypte et a appelé les pays arabes à intervenir pour changer la volonté populaire a pour arrière-fond la position officielle turque. Le premier ministre, Recep Erdogan, a affirmé que son pays s’opposait farouchement au coup d’Etat militaire en Egypte. Il a même accusé la communauté internationale d’avoir échoué à condamner le coup d’Etat militaire.
Cette ingérence dans les affaires internes de l’Egypte ne mérite-t-elle pas de convocation de l’ambassadeur turc au ministère des Affaires étrangères pour lui exprimer notre refus de la politique honteuse de son pays ? Ne doit-on pas rappeler notre ambassadeur à Ankara pour le consulter sur la question ? Une question que j’adresse au ministre des Affaires étrangères .
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