Mercredi, 18 septembre 2024
Opinion > Opinion >

Une position honteuse

Lundi, 15 juillet 2013

L’ingérence de la Turquie dans les affaires intérieures de l’Egypte est flagrante. Le rêve d’Erdogan de mettre en place un gouvernement islamiste sur la rive Sud de la Méditerranée, présentant un soutien au régime islamiste de la rive Nord, s’est dissipé. Le premier ministre turc a été pris de choc, après la dégringo­lade du régime des Frères musulmans en Egypte, un an après son accession au pouvoir. Mais la perte d’un régime allié ne justifie pas cette position hostile du gouvernement turc vis-à-vis de la révolte égyptienne du 30 juin.

La Turquie a organisé à Istanbul une conférence réunissant certaines organisations islamistes, entre autres le Conseil consultatif des oulémas d’Egypte. Au cours de cette confé­rence, les participants ont dénoncé ce qu’ils ont appelé le « coup d’Etat militaire ayant renversé la légitimité en Egypte ». Ils ont même recom­mandé de fournir un soutien à Morsi pour l’aider à retrouver son poste de chef de l’Etat. Le communiqué final de la conférence, préparé par l’orga­nisation internationale des Frères, disait que « le mandat de Morsi est légitime », et que « les Egyptiens doivent lui manifester une obéissance totale ». Le communiqué ajoute que « la doctrine d’Ahl Al-Sunna Wal Jamaa certifie que les musulmans ne sont pas autorisés à désobéir à leur chef musulman, encore moins par le biais d’un coup d’Etat, sauf si celui-ci fait preuve de mécréance fla­grante ». Le communiqué ajoute qu’il incombe à l’armée de faire reve­nir les choses à la normale et de savoir que le coup d’Etat aura des répercussions destructives et périlleuses.

Les participants sont allés encore plus loin dans leur ingérence et ont adressé un mot aux pays arabes qui se sont alignés sur le peuple égyptien en disant : « Ô gouverneurs arabes, l’is­lam qui est votre religion et votre foi vous dicte de défendre Morsi et de l’aider à reprendre le dessus. Il y a toujours une chance pour intervenir et faire revenir le président à son poste ». Est-ce raisonnable ? La tenue de cette conférence qui a menacé l’Egypte et a appelé les pays arabes à intervenir pour changer la volonté populaire a pour arrière-fond la posi­tion officielle turque. Le premier ministre, Recep Erdogan, a affirmé que son pays s’opposait farouche­ment au coup d’Etat militaire en Egypte. Il a même accusé la commu­nauté internationale d’avoir échoué à condamner le coup d’Etat militaire.

Cette ingérence dans les affaires internes de l’Egypte ne mérite-t-elle pas de convocation de l’ambassadeur turc au ministère des Affaires étran­gères pour lui exprimer notre refus de la politique honteuse de son pays ? Ne doit-on pas rappeler notre ambas­sadeur à Ankara pour le consulter sur la question ? Une question que j’adresse au ministre des Affaires étrangères .

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique