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L’union fait la force

Dimanche, 13 octobre 2019

Au moment où nous avons le plus besoin d’une action arabe conjointe afin de réunir les rangs, arrêter les conflits entre les frères arabes et mettre la main sur les dossiers qui menacent la région et qu’aucun pays ne peut résoudre seul, nous constatons que la Ligue arabe est perdue au milieu des différends qui sévissent sur la scène arabe. Le dossier yéménite est devenu une bombe à retardement qui menace la région du Golfe et de Bab Al-Mendeb. Le dossier libyen, avec toutes ses complications, ne met pas seulement en péril l’unité de la Libye et les richesses de son peuple, mais menace aussi d’exporter à tous les pays voisins un terrorisme dont on connaît désormais les financiers. La situation est également difficile en Iraq et en Syrie. Bien que le terrorisme ait diminué dans ces deux pays, ils traversent actuellement une période de convalescence qui nécessite un soutien et une intervention arabes avant que d’autres forces régionales et internationales n’exploitent la situation et imposent une nouvelle réalité.

J’ai eu l’occasion de rencontrer le secrétaire général de la Ligue arabe, le diplomate chevronné Ahmed Aboul-Gheit. Alors que je m'apprêtais à lui faire part de ma désolation face aux fissures dans les rangs arabes, j’ai découvert qu’il se plaignait de la recrudescence des différends qui paralysent quasiment la Ligue arabe et marginalisent de plus en plus son rôle. Un fait qui profite à certaines forces régionales qui cherchent à imposer de plus en plus leur pouvoir sur la région comme la Turquie et l’Iran, sans oublier les grandes puissances comme les Etats-Unis et la Russie ou encore Israël, devenu de plus en plus avide des terres arabes, que ce soit en Cisjordanie, à Jérusalem ou dans le Golan syrien occupé.

Nous vivons un grand dilemme et affrontons des dangers majeurs qui nécessitent une pause afin de voir les raisons de cette détérioration des relations qui ne profite à aucun pays arabe. Au contraire, tous les pays arabes en payent le prix. La polarisation régionale croît et on ne peut pas blâmer un pays qui cherche un allié étranger tant qu’il ne trouve pas son frère arabe à ses côtés. Bien plus, certains mettent en garde des pays arabes contre d'autres pays arabes. Il est clair que le fossé entre ces derniers s’élargit, que les crises s’amplifient et qu’il devient alors plus facile de s’emparer de tel ou tel pays. Chacun est noyé dans ses soucis sans essayer d’emprunter la voie la plus facile et la moins coûteuse, celle de l'alliance et de la coopération. Les pays arabes ont dépensé des milliards de dollars pour leur sécurité, leur armement, mais aussi leurs guerres. Si ces sommes avaient été utilisées pour renforcer une force arabe conjointe, nous aurions réussi à faire peur à toutes les forces régionales et internationales qui nous menacent, nous serions devenus une force économique importante et diversifiée, nous aurions entretenu des échanges commerciaux et cela nous aurait permis de nous passer des pays étrangers qui exploitent nos richesses et nos matières premières. Nous avons laissé la Ligue arabe se contenter d’émettre des communiqués de soutien ou de dénonciation sans aucune valeur. Les autres rassemblements arabes, qui étaient pourtant plus cohérents, se sont aussi détériorés à l’instar du Conseil de coopération du Golfe dont les débuts laissaient présager qu’il serait le rassemblement arabe le plus puissant et le plus cohérent ainsi que l’Union du Maghreb arabe qui n’a pas réussi à dépasser les différends internes qui l’ont paralysée.

La Ligue arabe aurait pu faire beaucoup de choses. Elle aurait pu devenir l’intermédiaire intègre entre les pays arabes au lieu de laisser des parties étrangères jouer ce rôle entre des pays arabes frères ou entre des pays arabes et d’autres forces régionales. Les pays arabes seraient alors devenus une seule entité. Ce qui les aurait alors placés en position de force au lieu de laisser la scène aux intermédiaires qui ont des intérêts à ce que persiste la division. Certaines grandes puissances cherchent à élargir les divisions et à approfondir les différends entre les pays arabes afin de continuer à gagner des terres arabes. Malgré ses discours menaçants contre l’Iran, le président américain n’a rien fait contre ce pays. Nous avons entendu seulement des dénonciations et des menaces verbales. Mais le danger iranien est toujours le même. Et voilà que le Turquie se joue de l’avenir de la Lybie en plein jour et avec insolence sans que l'Onu ne vienne dénoncer son soutien aux groupuscules terroristes dans ce pays. Elle joue d’ailleurs le même rôle en Syrie en soutenant les groupuscules armés à Alep. De plus, elle ne cesse de s’ingérer dans les affaires de l’Iraq exactement comme le font l’Iran et les Etats-Unis, alors que les Arabes restent silencieux ou sont trop préoccupés par leurs problèmes. Mais les Arabes n’ont pas appris la leçon. Ils ont introduit entre eux ceux qui approfondissent leurs différends. Un fait qui accroît les facteurs de leur faiblesse.

Il n’y a rien de plus facile qu’une coopération arabe basée sur une détermination qui permette aux Arabes de trouver eux-mêmes des solutions à leurs problèmes afin de devenir plus forts et de pouvoir imposer leur mot non seulement à la Turquie, à l’Iran et à Israël, mais aussi aux Etats-Unis et à la Russie. C’est ainsi qu’ils pourront investir leurs fonds et consolider leur force pour se passer de la protection américaine, russe, turque ou iranienne. C’est alors qu’aucun pays ne pourra considérer les Arabes comme une proie facile, car ils deviendront une puissance régionale de poids, voire une puissance internationale grâce à leurs énergies et leurs richesses.

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