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Le Fonds souverain et les actifs publics

Dimanche, 09 juin 2019

La ministre de la Planification, Hala Al-Saïd, a annoncé la création du fonds souverain égyptien, dénommé le Fonds Misr, et la formation de son conseil d’administration composé d’ex­perts en économie et en investissement. Le nouveau fonds, qui a un capital de 200 milliards de L.E., est une nouvelle expérience pour l’Egypte.

Ce fonds sera chargé de la gestion de tous les biens étatiques dont beaucoup ont été négligés pendant de nombreuses années. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi s’est réuni plus d’une fois avec des officiels dans les secteurs des affaires, de la planification et de l’inves­tissement, pour étudier les actifs publics et élaborer des plans pour leur gestion, afin d’optimiser leur rendement écono­mique.

Ces derniers temps, on a beaucoup parlé des actifs appartenant au ministère des Waqfs (biens religieux), alors que les responsables de ce ministère confir­ment que la valeur de ces biens s’élève à 37 trillions de L.E., et qu’un plan avait été mis en place pour le recensement et l’investissement de ces biens, notam­ment les terrains et les biens immobi­liers.

Le président de l’Autorité des Waqfs, Sayed Mahrous, affirme, de son côté, que les biens religieux ne sont pas à vendre, mais qu’il s’agit de les exploiter dans un cadre de partenariat. Il reste à savoir s’il appartiendra au fonds souve­rain de gérer cette énorme richesse, ou si cette responsabilité sera confiée au ministère des Waqfs, et comment la coordination entre les institutions de l’Etat aura lieu.

Il n’a pas encore été décidé quels biens seront du ressort du Fonds souve­rain, surtout que les actifs publics appar­tiennent à des secteurs et des ministères divers, et s’inscrivent sous la responsa­bilité de nombreux responsables. Y aurait-il une certaine concertation entre eux ou le statu quo serait-il maintenu ? Les termes « actifs publics » et « biens de l’Etat » sont assez flous et peuvent donner lieu à des interprétations et des catégorisations diverses.

Le recours aux sociétés spécialisées dans la gestion des actifs publics est chose courante. Ce fut le cas pour les actifs du secteur des assurances qui comptent une centaine d’immeubles au centre du Caire, dont une cinquantaine de bâtiments historiques. Mais personne ne sait à ce jour quelle a été la perfor­mance de ces sociétés. Aujourd’hui, la société de gestion des biens immobiliers ne gère plus les actifs du secteur des assurances, et l’on ignore ce qu’est advenu de ces bâtiments et s’ils ont été vendus.

On ignore également quel sera le sort des bâtiments qui seront désertés après le transfert des institutions officielles dans la Nouvelle Capitale. D’après cer­taines estimations, il s’agit de 150 bâti­ments, et le nombre pourrait être revu à la hausse si l’on inclut les sièges et les propriétés des ambassades.

Le secteur public des affaires gère un nombre important de projets et d’entre­prises, mais les informations ne sont pas disponibles quant à la valeur et l’am­pleur de ces projets. L’Etat a mis au point un plan de développement de ces projets et a débloqué des sommes importantes à cet effet, notamment pour le secteur de la filature et du tissage à Al-Mahalla et Kafr Al-Dawar, l’indus­trie automobile et les industries du fer et du ciment. L’Etat s’intéresse également à la formation de la main-d’oeuvre dans ces secteurs.

Ce sont quelques exemples qui illus­trent l’étendue des « biens de l’Etat » même si le dossier des terrains reste le plus cher aux Egyptiens, parce que le million de km2 sur lesquels nous vivons, avec le Nil, les littoraux, les lacs, repré­sentent l’héritage des générations futures. C’est un dossier qui doit être minutieusement étudié, et il appartient au nouveau fonds de garantir le droit des nouvelles générations aux terres de l’Egypte.

Il existe ensuite d’autres actifs publics qui pourraient être mieux investis, comme les fonds de retraite, si le gou­vernement décide de leur restituer les sommes empruntées et qui s’élèvent à plusieurs centaines de milliards.

Et pourquoi ne pas envisager, dans un deuxième temps, de verser au Fonds souverain les excédents de la production gazière et pétrolière, pour que les nou­velles générations puissent avoir leur part de cette manne ?

Le nouveau Fonds souverain a le droit de créer des fonds subsidiaires, mais là aussi, la délimitation des responsabilités et des rôles reste à clarifier.

Je suis sûr que les membres du conseil d’administration du Fonds souverain étudieront dans les détails tous les biens de l’Etat, surtout ceux qui ont fait l’ob­jet de tentatives de pillage et de gas­pillage dans le passé, et mettront au point des plans et des programmes pour les protéger.

Je ne cache pas mon grand enthou­siasme pour ce fonds qui veillera sur les richesses de l’Egypte et l’avenir des Egyptiens, et qui nous évitera de réédi­ter les pertes que nous avons subies à cause de la mauvaise gestion.

Mais il faut surtout assurer une coor­dination entre les objectifs du nouveau fonds et ceux des institutions de l’Etat (ministères, organismes et entreprises), notamment celles qui assument une res­ponsabilité dans la gestion des actifs publics, comme le ministère des Waqfs, les sociétés de gestion des biens publics, les compagnies d’assurance, l’Orga­nisme des investissements et le secteur public des affaires.

Les décisions économiques relatives aux actifs publics doivent être transpa­rentes et doivent exclure la vente, la démolition ou le commerce, d’autant plus que beaucoup de ces biens publics ont une valeur historique inestimable. Etant donné que tout n’est pas à vendre, des experts doivent participer à l’éva­luation de la richesse immobilière et de ce qui relève du patrimoine historique.

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