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Des résultats bien amers

Lundi, 24 juin 2013

La colère populaire engendrée par les piètres performances politiques, économiques et sociales du président Mohamad Morsi a mené à une réponse rapide et de grande ampleur à l’invitation populaire lancée par les jeunes pour lui retirer la confiance ou se rebeller contre lui.

Qu’il s’agisse de simples citoyens, de jeunes indépendants ou de divers courants d’opposition, tous réclament le départ du président Morsi, l’organisation d’élections anticipées, le retour du pouvoir législatif et de l’assemblée constituante usurpés, et enfin, la réforme de la Constitution. Afin de pouvoir juger objectivement des travaux du président Morsi cette année, il conviendrait d’exposer ses plus importants résultats économiques et sociaux. Selon les données officielles, Morsi a accédé au pouvoir alors que la dette extérieure du pays atteignait 34,4 milliards de dollars. Il a alors souscrit un prêt de 7 milliards de dollars auprès d’un petit émirat du Golfe, et un autre de 2 milliards de dollars auprès de la Libye en contrepartie d’un groupe de réfugiés politiques. Il a également emprunté 2 milliards de dollars à la Turquie, puis a obtenu environ un milliard de dollars d’un prêt d’une valeur de 2,5 milliards de dollars conclu avec la Banque du développement islamique. Ce qui signifie qu’il a alourdi de 11 milliards de dollars la dette étrangère qui est ainsi passée à 45,5 milliards en une seule année. Il a ainsi exporté l’image d’un « Etat mendiant » sans rien faire pour mobiliser les ressources locales ou réformer les comptes. Bien plus, il est prévu qu’il emprunte, selon les déclarations de son ministre des Finances, 10 milliards de dollars par an à travers les soukouk qui ligoteront encore plus l’Egypte.

Le président Morsi a accédé au pouvoir alors que l’Egypte souffrait d’impôts injustes qui exonéraient les riches en écrasant les pauvres et la classe moyenne par des taxes diverses. Il n’a rien changé à cela, se contentant des légers amendements apportés par Samir Radwane, le dernier ministre des Finances du président Moubarak en 2011.

Par ailleurs, lorsque le président Morsi a accédé au pouvoir, la livre égyptienne équivalait à 0,17 dollar. Actuellement, elle a chuté à 0,14 dollar avec une baisse de plus de 16 %, menant à une hausse des prix qui nuit également aux pauvres et à la classe moyenne. Le marché noir a de même refait surface pour les devises étrangères.

Le chômage est, quant à lui, passé de 12,5 % à 13,2 % pendant cette année du mandat de Morsi, et il n’existe aucune mesure pour faire face à ce problème et permettre à la population de gagner sa vie avec dignité. La pauvreté est passée de 22 à 25 % de la population. Morsi a manqué à ses promesses d’augmenter les pensions de retraite des pauvres : elles ont légèrement augmenté ... d’un taux inférieur à l’inflation. Il avait aussi promis d’accroître les dépenses générales sur l’enseignement à 5,2 % du PNB. Mais il les a réduites à 4 % dans le budget de 2013/2014, avec une baisse de près de 25 milliards de L.E.

Par ailleurs, lorsque Morsi a accédé au pouvoir, la corruption régnait dans tout le pays avec les faibles rémunérations des fonctionnaires, le pouvoir exécutif contrôlant le judiciaire ... Il a conservé le même système corrompu de rémunérations, s’est réservé le contrôle de divers services étatiques, et le Conseil consultatif n’a sanctionné que légèrement les cas de corruption avérés.

Avec tout cela, les résultats économiques et sociaux de la première année de mandat du président Morsi sont bien amers. Ils justifient l’invitation à démettre Morsi de ses fonctions, d’élaborer une nouvelle Constitution, d’organiser des élections présidentielles anticipées sous supervision judiciaire et de former un gouvernement transitoire sous la présidence temporaire du président de la Cour constitutionnelle.

Si Morsi répond à cette invitation, il sauvera l’Egypte de nombreux périls et donnera le dernier mot aux urnes, que la confrérie des Frères musulmans acclame désormais. A condition que les élections se tiennent sans fraude .

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