Le destin a voulu que le coeur hydraulique de l’Egypte se trouve en dehors de ses frontières. Les sources de l’éternel Nil se situent entre les deux plaines éthiopienne et équatoriale. L’Ethiopie est considérée comme la source de plus de 715 milliards de mètres cubes d’eaux, dont 48 milliards de mètres cubes provenant du Nil Bleu, 115 du lac Atbara et encore 115 du fleuve Soubat.
Les eaux en provenance d’Ethiopie représentent plus de 85 % du Nil. Elles traversent le Soudan pour arriver en Egypte par Assouan. Le débit approximatif de 740 milliards de mètres cubes annuels est réparti entre l’Egypte (555 milliards de mètres cubes) et le Soudan (185 milliards). Et 10 milliards de mètres cubes s’évaporent tous les ans du lac Nasser.
L’idée de la construction de barrages en Ethiopie a été lancée dès les années 1960 dans le cadre de pressions américano-occidentales sur l’Egypte, mais les constructions n’ont commencé à se concrétiser que dans les années 1990.
En 1996, une large polémique a éclaté lorsque l’Ethiopie commence à chercher un financement international pour la mise en place d’un réseau de barrages sur les affluents du Nil.
Le plus important de ces barrages est celui des « frontières » qui a été rénové et renommé plus tard « barrage de la Renaissance ». C’est un barrage géant de 145 mètres de hauteur pour un coût de 8,4 milliards de dollars. Il entrave le cours du Nil Bleu sur 1 800 mètres, près des frontières soudanaises dans la province éthiopienne de Kamaz. Il possède une capacité de production électrique de 6 000 MW, c’est-à-dire environ trois fois plus que le Haut-Barrage d’Egypte.
L’Ethiopie avait annoncé à maintes reprises que ce barrage était exclusivement destiné à la production d’électricité et qu’il n’allait pas modifier le débit des eaux en Egypte et au Soudan.
Cependant, il est difficile de croire en la crédibilité de la position éthiopienne, tant qu’Addis-Abeba n’a pas signé de traité avec l’Egypte et le Soudan déterminant leurs quotas respectifs. La période durant laquelle le réservoir du barrage devra être rempli nécessite une entente tripartite entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie.
Aucun projet ne peut être exécuté sans la concertation des trois pays concernés. Il est clair que toute mesure prise par l’Ethiopie sur les affluents du Nil affectera directement l’Egypte et le Soudan.
L’Ethiopie doit par le biais d’un traité international définir les quotas de l’Egypte et du Soudan des eaux du Nil. ceci doit être une condition sine qua non précédant l’approbation de l’Egypte et du Soudan à la construction du barrage de la Renaissance. Les deux pays doivent également s’abstenir d’entreprendre n’importe quelle pression qui pourrait freiner la construction du barrage.
En contrepartie, l’Ethiopie doit s’engager à signer un compromis ou un traité, qui lui interdira d’empiéter sur les droits hydrauliques de l’Egypte et du Soudan.
Il faut également reconnaître le droit de l’Ethiopie à mettre en place des projets de production électrique sur les affluents du Nil. Le traité doit tenir compte du fait que tous les pays traversés par le Nil détiennent le droit de profiter de ses eaux.
Après la conclusion du traité, les trois pays doivent s’accorder sur le volume du réservoir du barrage qui ne doit pas dépasser 55 milliards de mètres carrés. La durée de son remplissage allant de 10 à 15 ans selon son volume, il faudra protéger l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie de toute pénurie éventuelle. D’ailleurs, cette période peut être déterminée avec précision, en calculant les réserves hydrauliques du lac Nasser dans lesquelles il est possible de puiser sans toucher à la sécurité hydraulique de l’Egypte et du Soudan.
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L’Egypte doit coopérer avec l’Ethiopie dans les projets hydrauliques et électriques, afin de pouvoir prendre part aux décisions et de s’opposer à tout projet menaçant sa sécurité hydraulique.
L’Egypte et le Soudan doivent aussi avoir un droit de regard sur le fonctionnement technique du barrage de la Renaissance. En effet, tout problème technique pourrait avoir des effets dévastateurs sur le Soudan, menaçant de grandes villes comme Khartoum et d’autres villes situées sur le Nil Bleu. Les retombées pourraient également être néfastes sur l’Egypte, mais dans une moindre mesure, grâce au Haut-Barrage d’Assouan. En effet, l’Egypte a la capacité de contrôler en grande partie le risque d’inondations grâce au déversoir de Tochka réservé aux situations d’urgence.
Mais ceci à condition que l’Ethiopie approuve officiellement le traité de 1959 et qu’elle ne remette pas en question les quotas des eaux du Nil de l’Egypte et du Soudan. Une coopération globale est nécessaire pour éviter que la région ne se transforme en poudrière .
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