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Le Golfe s'enlise dans le chaos

Lundi, 10 juillet 2017

Le 5 juillet dernier, les ministres des Affaires étrangères de l’Egypte, de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et de Bahreïn ont clos leur réunion consultative tenue au Caire ayant pour objectif d’apporter une réponse au Qatar, sans pour autant annoncer plus d’escalade comme il avait été prévu. Ils ont néanmoins mis l’accent sur le caractère non négo­ciable des demandes et ont accusé le Qatar « d’avorter toute tentative et tout effort diplomatique en vue de régler la crise ». Ils ont menacé d’en­treprendre davantage de mesures punitives contre le Qatar après le refus par Doha d’accepter les 13 demandes qui lui étaient proposées. L’annonce de cette rupture s’est faite le 5 juin dernier et ont été prises dans ce sens des mesures d’embargo aérien, maritime et même terrestre. Les 4 pays avaient demandé à Doha d’arrêter son soutien au terrorisme, de rompre tout soutien apporté au terro­risme, toute relation avec l’Iran, avec les Frères musulmans, de livrer les opposants, de fermer la chaîne Al-Jazeera, ainsi que les autres médias dépendant de Doha et de fer­mer la base turque. C’est le Koweït qui avait tenu le rôle de médiateur dans cette crise.

La rupture des relations avec le Qatar est intervenue plus de deux semaines après la visite du président Donald Trump à Riyad, le 20 mai dernier. Au cours de cette visite, le président américain avait tenu des rencontres intensifiées, trois sommets avec les leaders de l’Arabie saoudite et des pays du CCG, ainsi que 50 représentants. Selon toute vraisem­blance, Trump avait fait le même appel sur la nécessité d’arrêter le financement du terrorisme.

Cette visite a été un tournant décisif dans l’orientation des Etats-Unis et leurs relations avec leurs principaux alliés dans la région. La stratégie de l’Oncle Sam apportera vraisemblable­ment le soutien à la lignée des nou­veaux jeunes souverains dans la région du Golfe, qui avaient com­mencé à se trouver remarquablement à l’avant-garde de la scène au cours de ces deux dernières années.

La récente crise a fait des pays du Golfe une nouvelle arène de tension à ajouter à ce qu’a témoigné la région après 2011. Cependant, celle-ci est extrêmement compliquée et enchevê­trée. Bien que la position du Caire envers le Qatar soit comprise à cause du soutien qu’il apporte aux Frères et son opposition au régime du président Abdel-Fattah Al-Sissi, il n’en demeure pas moins que la position des Emirats arabes et de l’Arabie souadite témoigne qu’une crise pro­fonde les oppose et que des accumu­lations historiques d’animosité régis­sent les relations des trois émirats du Golfe qu’ils n’ont pas pu désormais dépasser. Ceci signifie que la crise actuelle persistera. Mais en même temps, il est difficile de prévenir la nature de l’escalade qui dépendra en grande partie des différentes positions internationales avec en tête celle des Etats-Unis. Et ce, outre les évolutions de la situation régionale qui témoigne de turbulences sans précédent en Syrie, au Yémen, au Liban, en Iraq et en Libye. Ces pays se trouvent impli­qués sous plusieurs formes. Chacun de ces pays apporte sa bénédiction ouvertement à certains régimes régio­naux à l’ombre d’une compétition féroce entre les autres forces régio­nales telles que la Turquie et l’Iran. Téhéran et Ankara seront alors les grands bénéficiaires à l’ombre d’une division aiguë qui caractérise les frères arabes.

Le Caire, Riyad et Abu-Dhabi exer­cent de très fortes pressions qui sont allées jusqu’à menacer de changer le régime au Qatar pour mettre un terme à ses politiques qui, selon eux, sont une ingérence dans leurs affaires internes. Doha a rapidement, au même titre, parié sur Washington. Dès que la crise fut déclenchée, Doha a signé un contrat d’achat d’avions F16 estimé à des milliards de dollars avec Washington, emboîtant ainsi le pas à ses consoeurs, Abu-Dhabi et Riyad qui avaient conclu de gros contrats d’armement avec Washington. Un marché duquel s’est félicité plus tard le locataire de la Maison Blanche sur son compte Twitter, promettant les siens d’une prospérité dans l’emploi dans le futur.

La récente crise avec le Qatar a dévoilé également une division aiguë entre la Maison Blanche, d’une part, et le secrétariat d’Etat, le secrétariat de la défense, de l’autre.

Il est possible de dire que le boycott du Qatar représente le passage des crises chroniques du Moyen-Orient aux pays du Golfe qui jouissaient d’une stabilité relative en comparai­son aux autres pays arabes en raison de leur richesse, d’une part, et leurs relations stratégiques avec les Etats-Unis et les forces occidentales, de l’autre. Pour ainsi dire, il est prévi­sible que la région du Golfe se trouve enlisée dans un chaos généralisé au cas où la crise ne serait pas réglée. Surtout si nous prenons en considéra­tion la menace iranienne persistante d’une part, et d’autre part, la poursuite des crises et la déstabilisation sécuri­taire au Yémen, en Syrie et en Iraq qui s’avèrent être de vraies poudrières situées à proximité des pays du Golfe qui vivent des jours difficiles .

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