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La division arabe et l’égoïsme occidental

Lundi, 10 avril 2017

Vu que l’Unesco est l’organisation onusienne concernée par l’enseignement, les sciences et la culture, elle représente le foyer de la fusion des cultures du monde et de l’échange des idées et des visions des différentes civilisations, des différentes nations et des différents peuples. Partant, la chance de diriger cette organisation doit être octroyée aux représentants des différentes cultures de sorte à permettre à chaque culture, à travers la personne du directeur de l’organisation, d’exprimer ses divers aspects civilisationnels, sa vision envers les défis actuels, ses valeurs ainsi que ses interactions avec les autres cultures.

Depuis sa création, l’Unesco a été dirigée, six mandats durant, par des personnalités qui exprimaient en majorité la culture occidentale. Le mandat de l’un de ses directeurs français a même duré plus de 14 ans. Rares étaient les directeurs de l’organisation qui ont représenté les cultures asiatiques, latines ou africaines alors que la culture arabo-musulmane a toujours attendu le moment pour prendre son tour et pour s’exprimer à travers la direction de l’Unesco. Je pense qu’il n’y a ni meilleur moment ni pires conjonctures pour céder la voie à la culture arabe musulmane pour prendre les choses en main et mettre à jour les prétentions du terrorisme, pour réfuter l’idéologie du terrorisme et pour répandre les valeurs du dialogue, de la modération, de la paix, de la coexistence et de l’acceptation de l’autre. Raison pour laquelle l’Egypte a déposé la candidature de l’ambassadrice Mouchira Khattab, qui possède une longue expérience diplomatique et politique et qui représente la civilisation et la culture égyptiennes, arabes et musulmanes avec toute leur richesse et diversité. Elle représente également le modèle de la femme égyptienne et orientale qui cherche ses droits, qui aspire à jouer un vrai rôle, qui est capable de réussir malgré les contraintes et les défis et qui est capable de réfuter le stéréotype figé dans lequel l’a placée l’Occident.

Cependant, la division arabe impose un grand défi à la candidature de l’ambassadrice égyptienne mais aussi à celle des candidats qatari, iraqien et libanais. Il incombe à ces candidats d’insister sur leurs messages et contacts sur le droit des Arabes, avec leur culture et leur civilisation, d’assumer la direction de l’Unesco qui a été dirigée par toutes les régions du globe à l’exception de la région arabe. Ceux-ci doivent également insister sur l’importance de donner la chance à la culture arabo-musulmane d’exprimer ses principes, ses valeurs et ses objectifs précisément dans cette période. Par la suite, il sera indispensable que les candidats arabes soutiennent le candidat qui aura le plus de chance de remporter le poste. Et ce, à travers un dialogue direct parrainé par la Ligue arabe avec les pays concernés ou leurs candidats, ou bien à travers une initiative égyptienne.

De même, nous aurions espéré que le sommet d’Amman émettait un communiqué exprimant la volonté des pays arabes d’assumer la direction de l’Unesco à l’instar de toutes les régions géographiques et culturelles. Mais il n’est pas encore trop tard. Un tel communiqué peut être émis par la Ligue arabe grâce aux efforts de son secrétaire général.

Par ailleurs, la France, pays où siège l’Unesco, et qui possède un grand poids sur la scène culturelle internationale a déposé la candidature de sa ministre de la Culture quelques heures seulement avant la fermeture des candidatures. En choisissant cette ministre aux origines marocaines juives, la France mêle les cartes à ce moment précis du manque de confiance entre les cultures accentuant la contradiction entre ce qui est arabe et ce qui est occidental, entre ce qui est musulman et ce qui est juif, oubliant que la rotation réalise l’entente aspirée et octroie des chances équitables à tous. La présence d’un représentant arabe musulman à la tête de l’Unesco permettra de présenter des réponses contre l’idéologie de l’extrémisme et du terrorisme. Dans la communauté internationale, nous sommes convaincus de la modération arabe dans la pensée et la culture, nous sommes convaincus que la modération de la pensée musulmane est dominante. C’est ce que nous soutiendrons tous à travers l’Unesco dans la période à venir. Cependant, la France a choisi d’imposer sa volonté. Elle a voulu confirmer qu’elle se souciait peu de soutenir le candidat arabe. Elle a choisi de traiter les Arabes et les musulmans selon la même mentalité égoïste opportuniste du passé comme si elle était la plus intelligente, comme si elle disait ironiquement : vous voulez une personnalité arabe, eh bien voilà une candidate d’origine arabe.

En tout cas, nous devons oeuvrer à imposer de nouvelles valeurs dépassant ce que pensent les autres de nous. Nous devons poursuivre notre campagne, soutenue par une forte voix internationale malgré tous les défis. Nous possédons de nombreux amis et nous sommes porteurs d’un message de défense de notre arabisme avec sa culture et de notre islam avec ses principes, avec en tête la modération, le respect de l’autre et la coopération. Il nous incombe la responsabilité de rehausser la valeur de la culture de la paix dans des sociétés détruites par les guerres et dans une région où les conflits ont anéanti les valeurs et le patrimoine.

Une Unesco sous une direction arabo-musulmane pourra jouer dans cette région un grand rôle dans la reconstruction culturelle, dans la restauration du patrimoine détruit et dans la restitution des monuments pillés. Telle est l’importance d’un candidat arabe musulman dans ces conjonctures difficiles. Nous espérons donc que notre candidate accèdera à la tête de l’Unesco malgré la division arabe et l’égoïsme occidental.

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