A l’occasion de la visite de John Kerry en Egypte, il est important de faire quelques remarques. Les Etats-Unis ont soutenu un régime quasi dictatorial en Egypte tout au long de 30 ans. Et cela parce que l’ancien régime a présenté aux Etats-Unis des garanties pour la réalisation des intérêts américains, avec en tête les facilités sécuritaires, la coopération dans la guerre contre le terrorisme et la sécurité de l’Etat hébreu. Après la chute de l’ancien régime, l’ambassadrice américaine au Caire, Anne Patterson, est venue appliquer l’exemple pakistanais par la mise à l’écart des militaires et par le soutien des islamistes, pensant que ce qui est valable au Pakistan l’est aussi en Egypte. C’est ainsi que l’ambassadrice américaine n’a pas reçu les libéraux depuis plus d’un an et demi, concentrant ses efforts sur les Frères musulmans. Et ce, jusqu’au jour où des manifestations islamistes ont été organisées et que les manifestants ont escaladé les murs de l’ambassade américaine et y ont planté des drapeaux noirs. Paterson avait donc pensé qu’il fallait parier sur les Frères musulmans et a transmis cet avis au président américain ; puis elle a découvert que 75 % de la rue égyptienne ne pouvait être dirigée par les Frères musulmans. C’est donc là que réside l’inquiétude pour un ambassadeur, celle de voir une détérioration dans les relations entre son pays et celui qui l’accueille.
Malgré les nombreuses tournées effectuées par l’ambassadrice américaine dans les villes égyptiennes, elle n’a cependant pas compris la nature de l’Egypte qui la traite à la manière des Orientalistes, alors qu’elle a jeté tout son dévolu sur une seule faction politique. Il est évident qu’elle connaîtra un échec inévitable avec ces visions.
L’irrespect de la Constitution, des droits de la femme et des coptes, des instituions civiles et des droits de l’homme, ainsi que la violation de la liberté d’expression et les tentatives de dominer les médias en Egypte … Tout cela dévoile la fausseté du discours des Américains en ce qui concerne le soutien de la démocratie. C’est la démocratie qui a amené Hitler au pouvoir en Allemagne et c’est l’Europe qui l’a ensuite payé cher.
Ce n’est pas la démocratie formelle et les urnes qui mèneront à la stabilité. La Constitution a été vite écrite et voilà qu’il y a aujourd’hui un appel à tenir des élections législatives. Cependant, la sécurité est absente dans la rue, la désobéissance civile apparaît dans les villes égyptiennes et la situation économique connaît une détérioration effrayante.
La réalisation de la conciliation entre le Hamas et les Israéliens ne constitue ni une fin en soi, ni une réalisation énorme pour les Frères musulmans. La situation peut exploser à n’importe quel moment. Je pense qu’Anne Patterson doit aller appliquer son exemple ailleurs.
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