Tandis que des efforts sont consentis par la communauté internationale pour tenter de mettre fin au conflit en Syrie, qui a déjà fait plus de 270 000 morts et poussé des millions de personnes à l’exil, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a surpris tout le monde la semaine dernière en organisant, pour la première fois, une réunion du Conseil des ministres sur le plateau syrien du Golan occupé par Israël depuis 1967. Netanyahu a affirmé que la partie annexée du plateau syrien du Golan « restera pour toujours dans les mains d’Israël » et que « quoi qu’il arrive de l’autre côté (en Syrie), la frontière ne bougera pas ». Pourquoi ces déclarations, et quelle est leur portée ? Israël occupe depuis la guerre de juin 1967 1 200 km du plateau syrien du Golan dont l’annexion en 1981 n’a jamais été reconnue par la communauté internationale, alors que les quelque 510 km restants sont sous contrôle syrien. 20 000 colons israéliens et 20 000 Druzes, une minorité arabophone et musulmane également présente en Syrie, vivent sur les hauteurs du Golan. Les Druzes, détenteurs d’un laissez-passer israélien, se considèrent comme Syriens.
Les déclarations du chef du gouvernement israélien intervenaient au moment où se tenaient à Genève des négociations sur l’avenir de la Syrie sous l’égide de l’Onu. Netanyahu a visiblement été alarmé par un projet d’accord de paix en circulation à Genève, et dont l’une des clauses stipule la restitution par Israël du plateau occupé du Golan à la Syrie. Or, les responsables israéliens craignent d’être soumis à des pressions de la part des grandes puissances sur cette question. Dans ce contexte, la réunion du cabinet israélien au Golan peut être perçue comme un message, voire un défi à la communauté internationale et une manière pour Tel-Aviv d’afficher sa réticence habituelle à l’égard de la paix. Lors d’une récente rencontre avec le secrétaire d’Etat John Kerry, Netanyahu a affirmé qu’Israël « ne s’opposait pas aux efforts en cours pour atteindre un accord politique qui mette fin à la guerre civile syrienne mais que la frontière d’Israël avec le pays ne changerait pas ». Netanyahu avait préalablement déclaré officiellement que les discussions de paix syriennes, négociées par Moscou et Washington, « devaient prendre en compte la position d’Israël ».
Mais d’autres raisons expliquent cette « intransigeance » de Tel-Aviv. Outre l’importance stratégique du Golan, ses nombreuses ressources naturelles, notamment l’eau (35 % de l’alimentation en eau d’Israël, proviennent du lac Tibériade), et son importance sur le plan du tourisme et de l’agriculture, la guerre en Syrie, et surtout le retrait partiel des troupes russes engagées aux côtés de Bachar Al-Assad, inquiètent Tel-Aviv qui craint que la situation ne soit mise à profit par le Hezbollah et d’autres groupes soutenus par l’Iran pour lancer des attaques contre son territoire.
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