Dans le volet des relations égypto-arabes, celles avec l’Arabie saoudite occupent une place particulière. Et malgré les mutations importantes survenues dans la région arabe ces derniers temps, ces relations, qui sont le fruit d’une longue histoire de liens étroits entre les deux peuples, sont restées exceptionnelles.
La rencontre au Caire entre le président Abdel-Fattah Al-Sissi et le roi Salman Bin Abdel-Aziz vient certes renforcer les relations historiques entre les deux pays. Mais le plus important est que les circonstances critiques actuelles nécessitent une coordination, voire une complémentarité, des points de vue face aux nombreuses causes et aux dangers que les peuples arabes affrontent actuellement. En effet, les défis qui s’imposent au pouvoir chargé de la prise de décision en Egypte et en Arabie saoudite sont nombreux. Une grande partie des capacités, ressources et principes de la nation arabe a été détruite par les forces du mal ces dernières années.
Face à une entité arabe dont une partie essentielle est sur le point de s’effondrer, la responsabilité de l’Egypte et de l’Arabie saoudite augmente de plus en plus. Les dangers qui cernent le monde arabe et qui ont détruit une partie essentielle de ses composantes civilisationnelles, humaines et économiques ne sont pas loin de l’Egypte et de l’Arabie saoudite. Au contraire, les menaces sont très proches. En effet, ce qui se passe au Yémen menace la souveraineté de l’Arabie saoudite, et ce qui se passe en Libye menace la sécurité nationale de l’Egypte. Et dans ce même contexte, ce qui s’est passé en Iraq, en Syrie et en Palestine, alors que des millions de citoyens arabes ont été obligés de quitter leur patrie, tout ceci constitue une menace grave pour la nation. Ce qui se passe dans le monde arabe ne nécessite pas uniquement une coordination égypto-saoudienne à tous les niveaux, mais surtout une position ferme face aux complots qui menacent l’entité des deux Etats. Les événements qui nous entourent prouvent que le complot ne fait pas d’exception, il faut donc affronter la réalité avec sagesse et fermeté pour sauver ce qui reste de la nation. Il est évident qu’il y a plusieurs éléments autour desquels nous pouvons nous regrouper plus que toujours puisque les nouvelles menaces sont innombrables.
Après les massacres religieux et démographiques qui ont eu lieu en Iraq, en Syrie, au Yémen et en Libye, il ne fait pas de doute que les nations saoudienne et égyptienne sont elles aussi menacées. La réalité est que les faits perpétrés par les Houthis au Yémen et par les terroristes au Sinaï ne sont que des épisodes d’un long feuilleton. Il y a des années, nous entendions parler de projets de division de l’Arabie saoudite, de l’installation de plusieurs Etats en Egypte et de tentative de dérober le Sinaï à l’Egypte pour régler la cause palestinienne. Et après avoir vu les ruines de Bagdad, de Damas, de Sanaa et de Tripoli, il va sans dire que nous constituons une partie du complot. Des peuples ont coulé au fond des mers, des villes entières ont été détruites, des civilisations ont été pillées, des armées ont été démantelées. Est-il alors possible de se soumettre facilement à un nouvel accord de Sykes-Picot ?
Il est question de crises économiques graves, de capitales totalement effondrées, de peuples démembrés et de famines répandues ici et là. Il est évident que l’Arabie saoudite, vu son poids économique et international, peut constituer une source de protection, de plus que l’avenir prometteur de l’économie égyptienne peut être le motif de relations exceptionnelles entre les deux pays. Il existe des investissements saoudiens énormes en Egypte et une coordination intégrale entre eux. Mais il y a également des problèmes qui peuvent être réglés dans le cadre d’une coopération. En effet, le recul des cours du pétrole a provoqué des impacts importants sur les revenus du Royaume et ceux du Canal du Suez en Egypte. De nombreuses opportunités s’offrent aux investisseurs saoudiens alors que le gouvernement égyptien apporte de nouvelles garanties concernant les terrains et les impôts, la libération du taux de change de la livre égyptienne et le transfert des bénéfices. Toutes ces procédures servent les investissements et encouragent les capitaux privés à venir en Egypte.
Il est évident que la rencontre historique entre le président égyptien et le roi saoudien constitue un tournant important dans les relations entre les deux peuples dans les circonstances difficiles actuelles, alors que l’unification des positions devient une nécessité nationale et humaine. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi est sorti d’un ouragan qui a failli détruire un pays entier, si ce n’était la protection d’Allah, la robustesse du peuple égyptien et de son armée. Et les défis sont encore nombreux. Le roi Salman est parfaitement conscient des dangers et des crises qui nous entourent, partant du terrorisme aux complots de la division qui sont devenus une réalité évidente. Et avant tout cela, il y a les défis militaires et sécuritaires auxquels participent des parties régionales et internationales qui sont venues se répartir le butin de guerre.
L’Egypte et l’Arabie saoudite constituent ensemble une entité importante et efficace à tous les niveaux, et les dernières sources de force dans la région. Les directions des deux pays sont donc appelées à dessiner une voie plus sûre et plus stable pour l’avenir des deux peuples. A leur tour, ces derniers doivent relever des défis et faire face à des conflits qui visent la division des nations et la dispersion des peuples au nom de la religion l
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