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L’Etat islamique perd du terrain

Dimanche, 27 mars 2016

L’Etat islamique subit revers après revers. Après la mort de son numéro deux, Abdel-Rahman Al-Qadouli, tué dans un raid américain au nord de l’Iraq, l’orga­nisation a perdu le contrôle de la ville de Palmyre au sud de la Syrie qu’elle occu­pait depuis un an. Les ruines millénaires de la cité ont été abandonnées par les djihadistes face à l’avancée des troupes de Bachar Al-Assad soutenues par l’aviation russe. Au nord de la Syrie, les combat­tants kurdes ne sont plus qu’à 250 kilo­mètres de Raqqa, capitale de l’EI. En Iraq, l’armée iraqienne vient de lancer une offensive pour récupérer la ville de Mossoul occupée par Daech.

Tant Palmyre que Mossoul ont une portée symbolique. La prise de Palmyre par l’EI l’année dernière et la destruction de plusieurs sites classés patrimoine mondial par l’Unesco avaient indigné la communauté internationale. Pour le pré­sident syrien Bachar Al-Assad, la reprise de la ville est une manière de s’affirmer, face à la communauté internationale, comme un acteur important de la lutte contre le groupe terroriste écartant ainsi l’idée de sa mise à l’écart du pouvoir. Quant à Mossoul, elle est la deuxième ville d’Iraq et sa reprise par l’armée ira­qienne serait un coup dure pour l’EI.

Depuis quelques mois, l’EI est sous pression en Iraq et en Syrie, visé tant par les Russes que par les Occidentaux. Cette pression a contraint le groupe à rompre sa stratégie de conquête dans ces deux pays optant plutôt pour des attaques de représailles sanglantes, notamment en Europe, et une expan­sion en Afrique, surtout en Libye, en profitant du chaos qui règne dans ce pays. Il est cependant certain aujourd’hui que l’EI perd plus de territoires qu’il n’en gagne.

L’avènement de l’EI en Iraq et en Syrie a été notamment favorisé par le vide sécuritaire et politique dans ces deux pays, résultant des conflits sectaires apparus après l’invasion américaine de l’Iraq. L’avancée de l’EI en Iraq a été surtout favorisée par le mécontente­ment de la minorité sunnite, victime de la politique discriminatoire de l’ancien premier ministre iraqien, Nouri Al-Maliki. Ce dernier, craignant une insurrection sunnite contre son pouvoir, avait marginalisé les sunnites au profit des chiites avec l’appui de l’Iran. En Syrie, l’EI a certes profité des politiques brutales du régime alaouite contre la majorité sunnite, qui lui ont donné l’op­portunité de se présenter comme « le défenseur des sunnites ». Le tout dans un contexte de confrontation chiites-sun­nites dans la région.

Le groupe EI a aussi bénéficié du sou­tien de certains pays de la région, comme la Turquie, qui l’ont financé et armé. Mais aujourd’hui, les choses ont changé. Et l’EI a beaucoup plus d’enne­mis que d’amis. Son insistance à réunir sous sa bannière le califat islamique lui a valu l’hostilité des autres groupes extré­mistes comme Al-Nosra et Al-Qaëda. Le caractère sanguinaire de ses opérations lui a valu des ennemis au sein même de la communauté sunnite en Iraq et l’a totalement isolé sur la scène régionale. Le groupe est en difficulté sur plusieurs fronts. Ses sources de financement se sont taries, ses capacités de raffinement du pétrole (sa principale source de reve­nus) ayant été endommagées par les raids de la coalition. Toutes ces considérations font que l’EI est aujourd’hui moins fort qu’avant, même s’il faudra sans doute attendre encore des mois, voire des années pour venir à bout de ce fléau.

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