Une action militaire contre l’Etat Islamique (EI) en Libye est-elle possible ? La question est désormais sur la table, a affirmé cette semaine le président américain, Barack Obama qui a réuni, le 28 janvier, le Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche pour une réunion consacrée à la crise libyenne. « Il faut agir avant que le pays ne devienne un sanctuaire pour les djihadistes, avant qu’ils ne deviennent extrêmement difficiles à déloger », déclarait un haut responsable du secrétariat à la Défense. « Nous ne voulons pas d’une situation comme en Iraq ou en Syrie, où les djihadistes ont réussi à saisir des pans entiers de territoire », ajoutait-il.
Washington prépare de concert avec ses alliés occidentaux des options pour une intervention militaire, allant de frappes aériennes jusqu’à une participation à une force soutenue par l’Onu. Le commandement d’une éventuelle opération internationale pourrait être confié à l’Italie. Dans un entretien au quotidien italien Il Corriere della Sera, la ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti, a notamment fait état de « discussions de plus en plus poussées concernant la possibilité d’une intervention internationale » évoquant notamment une action coordonnée entre les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l’Italie.
L’ancienne puissance coloniale semble être prête, sous condition, à prendre la tête d’une telle opération. Le président Obama doit recevoir, le 8 février à la Maison Blanche, le président italien, alors que le secrétaire d’Etat, John Kerry, rencontre cette semaine à Rome ses homologues européens.
Les Occidentaux s’inquiètent face à l’avènement de l’Etat islamique en Libye. Une inquiétude accentuée par les attentats de Paris en novembre dernier, et ceux commis en Turquie et en Malaisie. L’EI a profité de l’état de chaos et d’absence de pouvoir central en Libye pour s’installer dans ce pays. Le groupe, qui dispose de 3 000 combattants, occupe désormais de larges pans du territoire libyen. Il a lancé début janvier une offensive dans la zone du Croissant pétrolier, où sont situés les principaux terminaux de brut. Washington, qui a récemment intensifié ses efforts contre l’EI en Iraq et en Syrie, craint que la Libye ne se transforme en zone de repli pour ce groupe terroriste, en difficulté sur le front iraqien et syrien. Quant aux pays européens, ils craignent une aggravation du problème de l’immigration clandestine et la montée en puissance du terrorisme.
La communauté internationale déploie depuis quelques mois des efforts visant à convaincre les deux parlements libyens, celui de Tripoli et celui de Tobrouk, de former un gouvernement d’union nationale afin de rétablir la paix en Libye. Mais les échecs répétitifs de ces efforts ont convaincu les Occidentaux de la nécessité d’une intervention armée en Libye. Celle-ci aurait alors pour but d’isoler les djihadistes et de les empêcher de recruter de nouveaux membres, notamment en Afrique. Mais en l’absence de pouvoir central en Libye, toute opération militaire dans ce pays risque d’être difficile et compliquée. Un risque que les Occidentaux semblent prêts à assumer.
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