Les prix du pétrole poursuivent leur dégringolade sur les marchés mondiaux. Le baril de brut a ainsi atteint cette semaine son plus bas niveau depuis juillet 2004 s’échangeant à 36,04 dollars. Cette baisse des cours, même si elle était attendue, risque de porter un coup dur aux économies des pays producteurs. Les raisons de cette baisse sont multiples. Contrairement aux précédentes baisses qui étaient dues à l’abondance de la production, celle-ci s’explique à la fois par la surproduction et le recul de la demande.
Le recul de la demande est dû principalement au ralentissement de l’économie chinoise. L’industrie chinoise a réalisé un taux de croissance inférieur à 7 % en 2015, alors que ce taux était de 13 % il y a quelques années. Plusieurs secteurs industriels comme l’automobile, l’acier, le textile, l’électronique et l’électricité sont en stagnation. Résultat : un recul important de la demande sur le pétrole. Ce recul a été favorisé notamment par une hausse du dollar face au yuan chinois. Pékin a en effet procédé récemment à plusieurs dépréciations de sa monnaie locale face au billet vert. Un million et demi de barils de pétrole excédentaires arrivent chaque jour sur les marchés mondiaux.
D’autres considérations entrent en ligne de compte, notamment le refus de l’Arabie saoudite de réduire sa production pour stabiliser les prix. Riyad est en effet engagé dans une guerre contre les producteurs de pétrole de schiste aux Etats-Unis, qui ont récemment inondé le marché du brut. Un baril à 30 dollars découragerait les producteurs américains car leur production, trop coûteuse comparée à celle de l’Arabie saoudite, ne serait plus rentable. Mais Riyad est également engagé dans un bras de fer politique avec l’Iran. Les deux pays s’opposent par acteurs interposés sur la scène régionale notamment en Syrie et au Yémen. Or, l’Iran qui cherche à redresser son économie souhaite une baisse de la production pour stabiliser les prix, ce que refuse Riyad. D’ailleurs, le retour de Téhéran sur la scène internationale et la levée des sanctions suite à l’accord nucléaire conclu avec les grandes puissances en juillet 2015 ont contribué au recul des prix. De nombreux investisseurs pensent en effet que le retour du pétrole iranien sur le marché mondial à moyen terme risque d’entraîner une offre supplémentaire qui dépassera très largement la demande. Le retour complet de l’Iran sur le marché international en 2016 apportera un million de barils supplémentaires par jour sur les marchés, ce qui pourrait réduire davantage les prix.
La présente situation a des conséquences importantes sur les budgets des pays producteurs. Riyad, premier exportateur mondial de pétrole, a déjà annoncé un déficit budgétaire record en 2015. Des mesures d’austérité ont été décidées pour juguler ce déficit, notamment en coupant les subventions sur le prix du carburant. Mais si certains pays exportateurs comme l’Arabie saoudite ou le Koweït peuvent tenir le coup face à une baisse des cours en comptant sur leurs réserves, d’autres pays seront fragilisés par cette baisse des prix comme l’Algérie ou le Venezuela.
L’Egypte, elle, profitera sans doute de cette baisse des cours qui pourrait se poursuivre pendant deux à trois ans.
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